Les services de la direction de l'Action sociale (DAS) de la wilaya d'Oran ont recensé 35 cas de personnes âgées ou handicapées exploitées par leurs proches dans des actions de mendicité. Les enfants, eux, sont utilisés par ces parents sans loi ni foi de 7h à 20h pour faire la manche dans des conditions impitoyables, sous la canicule ou en temps de gel. C'est la raison pour laquelle les services de l'Action sociale ont placé certains de ces enfants dans les établissements de Diar Errahma pour les mettre à l'abri de la cruauté de leurs proches. «Depuis le lancement de la campagne de lutte contre la mendicité initiée par les services de la DAS, nous avons interpellé 35 mendiants, dont la plupart sont des personnes âgées ou handicapées. L'opération lancée spécialement pour cet été a eu lieu au niveau d'Aïn El Turck et d'Oran», révèle un responsable de la direction de la DAS qui ajoute : «Après les avoir ramassés, nous les avons placés à Diar Errahma, et nous avons contacté, par la suite, leurs proches à qui nous avons demandé de cesser de les exploiter dans la mendicité. Malheureusement, une fois qu'ils quittent l'établissement, ils récidivent. C'est le cas d'une handicapée exploitée par une proche à elle dans la mendicité à la rue Larbi Ben M'hidi. Dans les cas de récidives, les services de la DAS se voient contraints de porter plainte au niveau de la Justice». A l'instar des autres centres urbains du pays, le phénomène de la mendicité n'a pas épargné Oran où il prend des proportions inquiétantes depuis quelque temps. En effet, un nombre considérable de personnes âgées et moins âgées, notamment des femmes, fait la manche devant les lieux à forte concentration publique, et plus particulièrement aux alentours des mosquées. Souvent, ces «mendiantes» sont entourées d'enfants en bas âge afin d'apitoyer les passants sur leur situation sociale, mais cet apparat n'est qu'une stratagème destiné aux âmes sensibles. Un commerçant installé au centre-ville dira, à ce sujet : «Une femme mendiante vient quotidiennement échanger une somme d'argent en petite monnaie équivalente à 900/1000 dinars contre des billets». La mendicité n'est plus le propre des malheureux égarés dépossédés de tout par des circonstances exceptionnelles. Aujourd'hui, si le handicap physique constitue une occasion pour vivre au crochet des autres, une simple opération chirurgicale en constitue une autre pour certains individus sans vergogne et sans dignité… Ce n'est plus le temps, celui de la colonisation et de ses misères, où le seul dénuement et l'isolement menaient parfois à la mendicité… Nous avons vu des cas de mendiants professionnels absolument déroutants et qui nous interpellent tous. En effet, un «mendiant» qui commence sa journée par un café-crême et pain au chocolat et une lecture d'un titre (de préférence de grand tirage !) n'étonne plus. Certaines mendiantes, au moment de retourner à leur domicile font une bonne tournée en magasins achalandés avant de héler le taxi S.V.P. ! Un résident de Seddikia, B. Ahmed, a sauté littéralement tant il a été sidéré par un tel constat après qu'il eut remis quelques dinars à ces dames… Un autre citoyen de Khemisti, Abdelkader B., a filmé, lui, (et possède encore ce film) une jeune fille passant des fringues usagées et de la poudre noire sur le visage… avant de fermer sa voiture, à Canastel, le quartier résidentiel Est d'Oran, et aller s'adonner à cette mendicité new… Donnez seulement deux ou trois dinars à un mendiant et vous verrez que fierté n'est qu'un instinct animal, alors que dignité est un acte intellectuel conscient qui suppose le respect d'autrui… Depuis quelques temps, les services de la DAS et leurs homologues de la Police et du Croissant rouge se sont lancés dans une campagne de lutte contre le phénomène de la mendicité qui, au fil du temps et des vicissitudes de la vie, a pris l'allure d'un véritable phénomène de mode. La nouveauté dans ces opérations à répétition est à chercher du côté des mesures légales prises, puisque les personnes arrêtées seront poursuivies par la Justice.