Le président Obama a deux années pour réussir ou échouer et les deux années suivantes pour préparer sa future campagne électorale. Avec, ainsi, l'obligation de résultats que lui confère cette distinction, sous peine d'un échec programmé qui amènerait ses adversaires à réclamer le retrait du prix qui lui est attribué, c'est-à-dire une destitution, il semble que le président est pris en otage d'une politique qui place la barre trop haut. Pourquoi le prix Nobel de la paix à un président qui n'a pas bouclé encore sa première année d'un mandat de quatre années? Sur le plan des déclarations d'intentions rendues publiques, peut-être avec pour implication l'objectif pour n'avoir pas à marquer un recul, le président Obama a opéré bien des ruptures par rapport aux discours généralement balisés de ses prédécesseurs. Cela suffirait-il cependant à lui attribuer le Nobel de la paix, du moment qu'il ne semble pas que l'on s'achemine réellement vers la paix dans toutes les régions du monde, là où il est intervenu? Certes la paix n'est pratiquement pas revenue partout où les Etats-Unis ont allumé la mèche tout comme la prospérité n'a jamais été dans les pays en développement qui sont passés par le FMI. D'abord, pour ceux qui affirment qu'Obama n'a pour le moment réglé aucun problème de sécurité dans le monde ni fait avancer le processus de paix relativement à l'occupation de territoires arabes au Proche Orient, ceux-là devraient quand même reconnaitre qu'il est le premier président des Etats Unis à avoir publiquement dit aux Israéliens que «l'occupation coloniale est illégitime». Le dire publiquement, c'est assumer ses convictions et tracer la ligne rouge à ne pas dé passer. Du fait qu'il a deux années pour plaire en tant qu'acteur et deux autres pour réussir ou échouer en tant que candidat à la future élection, Obama se place dans l'obligation de remporter le retour à la paix et c'est dans la région du Proche Orient qu'il devrait le plus s'investir dans de tels projets pour ensuite «amortir le choc» et démontrer sa capacité à faire appliquer les projets dont il est porteur. A l'inverse des présidents occidentaux, les rues arabes ont des intérêts à sauvegarder et se présentent également avec le sentiment qu'il va falloir rapidement engranger les fruits défendus, à savoir la paix dans le monde arabe. Il y en a qui pensent «intérêts», même au sommet des Etats, de certains Etats. Il ne faudrait pas pour autant trop attendre d'Obama qui avait avoué qu'il ne faudrait pas croire qu'il est naïf lorsqu'il avait fait part de son sentiment qu'il faudrait que le monde aille vers le désarmement et la dénucléarisation. Obama, qui est pourtant lui-même un élément de réconciliation aux Etats Unis et dans le monde, puisque les tabous sont tombés depuis qu'il est démontré qu'un noir peut être président des Etats Unis, ne peut que s'engager à étendre dans le monde ce sentiment de rassemblement au delà des ethnies et des communautés de couleur. Obama est maintenant otage du Nobel qu'il détient. Sa politique internationale sera évaluée aux normes de la paix qu'il aura à défendre, c'est-à-dire qu'il sera approché sous l'angle de la victoire ou de la défaite. Pour un président qui n'arrive pas encore à entrevoir la paix en Afghanistan, pendant que le général américain responsable des armées luttant contre les talibans réclame encore un renfort de 40.000 hommes pour gagner la guerre, il serait fort possible que son aura pourrait chuter dès la preuve de l'enlisement de ses troupes américaines dans ce pays. Par Bachir Medjahed