Les guerres suivies d'occupation militaire font pousser le cri du vainqueur aux Etats-Unis avant que ne soit fait le constat qu'en fait, il n'y a aucune victoire et que, bien au contraire, ceux-là se présentent comme des colonisateurs qui s'embourbent et ne savent plus comment s'en sortir. En Irak, ils n'avaient pas encore savouré le fruit de leur occupation qu'ils ont commencé à donner des plans de charge à leurs entreprises. Les Etats-Unis avaient cru qu'ils arriveraient à solutionner la question des talibans en «démocratisant» l'Irak. En réalité, ils avaient rendu service à l'autre pays ciblé après l'Irak et l'Afghanistan, soit l'Iran, en détrônant les talibans et le régime de Saddam Hussein. Les Américains ne savent plus comment s'en sortir. Ils entrent enthousiasmés dans la guerre et sont forcés d'évacuer leurs troupes s'ils persistaient à prolonger l'occupation. Le logiciel des interventions militaires est le même. D'abord, destruction des infrastructures, soit un retour à l'âge de pierre. Ensuite, provoquer une rupture de la cohésion nationale par la mise en évidence des problèmes réveillés par les clivages ethniques, ce qui est une préparation à la guerre civile. Ils savent bien que la logique ethnique est incompatible avec la logique démocratique et pire encore avec la logique des conflits confessionnels. Irak, Afghanistan, même logiciel américain. Démocratie importée, généralement Président également importé, puis élections sous occupation étrangère. Quelle légitimité aux gouvernants quand les élections se déroulent sous occupation militaire étrangère ? Quelle légitimité pour Karzaï si son principal adversaire politique, à savoir Abdallah Abdallah, ne le félicite pas pour sa victoire électorale ? Quelle démocratie qui reposerait sur des solutions importées, des responsables politiques importés, et qui ne soit pas l'objet d'une transaction politique nationale? Quelle légitimité si la réponse est la violence ? On dit que le président Obama n'a réellement aucune solution de retour à la paix, aussi bien en Irak qu'en Afghanistan, et qu'il ne sait pas encore jusqu'où pourrait aller son bras de fer avec l'Afghanistan. Serait-ce le président Obama qui est porteur d'un projet ou bien seraient-ce les Etats-Unis qui en ont un ? Cela fait déjà belle lurette que l'Afghanistan n'a pas vécu pour son peuple, pour ses propres intérêts. Des conflits pour des influences étrangères, mais par nationaux interposés. Un conflit à intégrer dans la géopolitique des contournements des pipelines. L'entretien du chaos dans ce pays dépasse certainement l'enjeu de la lutte contre le terrorisme. Il dépasse également celui de la démocratie ou celui des droits de l'Homme. A la veille de la guerre (ou des représailles), menée par une coalition de pays contre l'Afghanistan, pays musulman, Tony Blair avait envoyé un message au mollah Omar : «livrez-nous Ben Laden et nous vous laisserons continuer à gouverner». Oubliée la burka, si critiquée en Occident ! Oubliées les exécutions en public dans un stade de football ! Oubliée la démocratie, contre un autre pays musulman l'Iran ! Avec le récent positionnement américain en faveur des Israéliens, la question à poser est bien celle-ci : «Qu'a ramené de nouveau Obama ?» Pour les marchands d'armes, on dit que «préparer la guerre est plus profitable que de la faire». Il y a toujours quelque part des affaires à faire. Une vision lucrative de la guerre. Une vision lucrative des menaces annoncées. Forces étrangères contre Afghans locaux, ce qui fait de ces derniers des résistants pour les uns et des terroristes pour d'autres. Peut-il y avoir une réelle solution en mesure de ramener la paix et de souder les fractures internes sous occupation militaire par des forces étrangères ?