Parmi les maladies non transmissibles, le diabète pose un véritable problème de santé publique par sa progression rapide et sa prise en charge complexe et évolutive. En effet, tout doit commencer par la prévention. Plusieurs études ont montré qu'une bonne hygiène de vie avec un régime diététique apportant au moins cinq fruits et légumes par jour et peu de graisses saturées (viande d'agneau, beurre) associée à une activité physique (au moins trois fois trente minutes par semaine) réduit le risque de développer un diabète. S'il fallait désigner un seul ennemi, l'obésité serait la première inculpée. La guerre contre le diabète commence dans l'utérus. On sait maintenant que les enfants qui naissent soit avec un faible poids de naissance soit avec un poids dépassant quatre kilogrammes sont exposés au risque de développer un diabète. Ceci doit inciter les femmes enceintes à avoir un régime équilibrée pour ne pas prendre beaucoup de poids pendant leur grossesse (une femme enceinte ne doit pas manger pour deux). Par ailleurs, il faut savoir que l'âge de début du diabète de type 2 s'est déplacé de l'âge adulte vers l'adolescence. Le régime alimentaire très riche en graisse et en sucre (limonade, sucreries, fast-food) et la sédentarité chez les plus jeunes qui passent beaucoup de temps devant la télévision et les consoles de jeux font le lit du diabète. Tous ces aspects nécessitent des campagnes de sensibilisation, une mobilisation de toutes les associations de diabétiques et de tous les pères de famille pour imposer un régime équilibré en commençant par bannir la bouteille de limonade sur la table. Le deuxième volet intéresse le dépistage de la maladie car elle est silencieuse, insidieuse, traître en un mot. Il faut envisager un dépistage chez les sujets en surpoids et présentant un autre facteur de risque de diabète, tel que la sédentarité opiniâtre, le diabète chez des parents du premier degré, une hyperlipidémie ou une hypertension artérielle. Les femmes ayant donné naissance à un bébé de plus 4 kgs ou ayant fait un diabète gestationnel (élévation de la glycémie pendant leur grossesse) doivent également bénéficier d'un dépistage. Si le test est normal, le répéter tous les trois ans. Enfin, le troisième volet intéresse les diabétiques connus et leur traitement. Là aussi les mesures hygiéno-diététiques occupent la première place. Les malades qui ne suivent pas leur régime ne doivent pas s'étonner de voir leurs glycémies élevées malgré toutes les associations de médicaments qu'ils peuvent prendre. Ils doivent savoir aussi que l'insuline devient indispensable au bout de quelques années d'évolution. Elle est inévitable. Beaucoup de patients mettent du temps pour l'accepter et perdent ainsi un temps précieux. Les diabétiques traités doivent atteindre les objectifs dictés par leur médecin. Il ne suffit pas de prendre des médicaments récents ou coûteux pour se sentir à l'abri des complications. La glycémie à jeun doit être autour de 1g/l, la glycémie post prandiale ne doit pas dépasser 1,80g/l (1,40g/l c'est mieux), l'hémoglobine glyquée doit être inférieure à 7% (6,5%). Chaque malade étant un cas particulier, il appartient à votre médecin traitant de vous indiquer les limites à ne pas franchir. Enfin, la relation médecin-malade et la confiance qui s'installe entre eux est le meilleur gage de réussite. Il faut savoir que l'éducation thérapeutique des diabétiques est l'action la moins coûteuse et la plus rentable. On entend par éducation thérapeutique l'acquisition de connaissance par le malade pour mieux combattre la maladie. Professeur M. Belhadj Chef de service Médecine Interne – Diabétologie - EHU Oran