Plus de 120 lettres originales écrites ou reçues par l'artiste entre 1872 et 1890, année de sa mort, sont exposées en regard aux oeuvres auxquelles elles font allusion. Une occasion exceptionnelle - ces lettres, d'une grande vulnérabilité sont rarement montrées - de découvrir un nouvel aspect de l'oeuvre du peintre qui s'avère aussi être un homme de lettres d'une grande sensibilité. A travers ces missives adressées en particulier à son frère et confident Théo Van Gogh et à ses amis Emile Bernard et Paul Gauguin, l'artiste dévoile sa conception de l'art, sa vision du rôle de l'artiste, mais aussi d'un point de vue plus personnel ses rêves, ses déceptions, ses passions, ses amitiés, ses disputes, sa bataille contre la maladie, son désir de créer. Cette exposition est le résultat de dix années de recherches au cours desquelles les spécialistes du musée Van Gogh, de l'Institut Huygens et de l'Académie royale néerlandaise des sciences se sont intéressés à ces lettres et ont permis de faire une nouvelle lumière sur la personnalité de ce peintre majeur du XXe siècle. La correspondance de Van Gogh (1853-1890), avec ses 819 lettres, montre à quel point l'artiste se délectait à enrichir par la plume l'univers qu'il dépeignait de son pinceau débridé, épais, acéré. Il écrivait surtout à son frère Théo, dans sa langue adoptive, le français. Un français tout "vangoghien", imagé, empreint d'une sensibilité bouleversante, avec lequel il se sentait plus libre que dans sa langue natale. L'admiration sans bornes pour Monticelli et l'estampe japonaise, l'obsession d'un monde suspendu entre la couleur chaude et le ton froid, les "mirages de la dèche" du plasticien fauché… Ces lettres sont une porte grande ouverte sur le monde du peintre à l'oreille coupée, brisant l'image du génie fou pour rendre la vie à l'homme, raisonné, méticuleux, malgré la maladie mentale qui le rongeait. Le travail de longue haleine réalisé par l'institut Huygens, exposé aujourd'hui au musée Van Gogh, apporte une dimension nouvelle, presque révolutionnaire, non seulement à cette mine d'or épistolaire mais à Van Gogh lui-même, à son art. En juxtaposant les tableaux aux lettres, superbes, dans lesquelles le peintre reproduisait à l'encre ses travaux à l'huile pour les décrire à son frère, le musée nous invite à nous pencher sur l'épaule de l'artiste, à comprendre son cheminement, son regard. Le couchant dont la lumière délicate enveloppe son semeur de 1888 n'est alors plus un soleil, mais un "immense disque citron" ; le portrait d'Augustine Rollin, avachie dans son fauteuil à bascule, devient une offrande aux marins, auxquels il voulait faire éprouver, au fond de leur cabine, "un sentiment de bercement leur rappelant leur propre chant de nourrice". L'exposition se tient 9 octobre 2009 au 3 janvier 2010 au Van Gogh Museum d'Amsterdam.