La commune de Hassi Bounif a été secouée par un accident de la circulation effrayant, ayant coûté la vie à un receveur de bus, âgé de 36 ans. La victime avait été renversée par un camion, alors qu'il était descendu du bus. L'année dernière, un autre receveur qui travaillait pour le compte d'un transporteur, desservant la ligne 4G, a été mortellement poignardé par l'un des passagers, à cause d'un petit différent, celui de payer 05 dinars. Ces deux exemples illustrent parfaitement le danger permanent auquel les receveurs de bus sont exposés, vu que la majorité écrasante, si ce n'est la totalité, ne sont pas déclarés et couverts socialement. Etre receveur ou chauffeur de bus, c'est accepter de travailler dans des conditions soumises à des risques aléatoires, voire même désagréables, parasitées par la multiplication des vols, des altercations et parfois de graves bagarres. Des employés refusent la couverture sociale Ils sont donc des dizaines à endurer l'amertume d'un travail qu'ils n'ont pas choisi par amour, mais par besoin vital. «C'est la Khobza», affirmera la plupart des receveurs auxquels nous avons parlé, et qui ajouteront: «Nous n'avons pas le choix, nous avons besoin de manger.» Gharbi Ghanem, chauffeur et propriétaire d'un bus, desservant la ligne 18, témoigne: «Durant notre activité, nous rencontrons d'énormes problèmes, surtout en ce qui concerne la couverture sociale au profit des receveurs. Ces derniers préfèrent ne pas être déclarés et travailler au noir, sous prétexte que cette activité n'est pas durable et qu'ils sont appelés à la quitter, dès qu'une meilleure occasion professionnelle se présente. A vrai dire, ils pensent au rendement immédiat, et ce, au détriment de leur avenir. Je m'explique, un receveur non déclaré, perçoit une somme journalière allant de 600 à 700 dinars. En revanche, s'il est déclaré, il touche 400 à 500 dinars seulement. Ainsi, ils pensent que l'argent allant à la couverture sociale ne leur servira à rien, vu qu'ils ne sont pas fixés durablement dans ce type d'emploi.» Quant à Zouaoui Kada, receveur de bus, il révèlera: «En ce qui me concerne, je ne suis pas déclaré, car je sais qu'un jour ou l'autre, je quitterai mon travail pour le compte de ce transporteur, dès qu'un autre me fera une meilleure offre. Vous savez, dans ce métier nous souffrons de problèmes cruciaux, vu que nous travaillons dans un contexte désagréable, caractérisé, sans cesse, par les altercations et les disputes. Personnellement, ça m'arrive de surprendre un passager en train de voler un autre passager, je le fais descendre du bus et je le dénonce. En contrepartie, ces voleurs promettent de se venger et nous font payer chèrement nos attitudes. Vous savez, tous les receveurs souffrent de cette situation.» Avis partagés De son côté, Amine Boughazal, chauffeur de bus, dira: «J'ai travaillé pour le compte de plusieurs transporteurs et je n'ai jamais été assuré. Je suis un père de famille et je ne peux pas me permettre de travailler avec une somme de 800 à 900 dinars par jour, notamment que la vie est de plus en plus chère. A cela s'ajoute le fait que ce métier a trop d'inconvénients et nous sommes, tout le temps, en confrontation avec les citoyens. Hélas, nous n'avons pas le choix. C'est notre gagne-pain.» En revanche, Boukhirez Sahnoune, dira: «Moi, je travaille pour le compte d'un transporteur, desservant la ligne B et je suis assuré. A mon avis, la couverture sociale pour les receveurs et les chauffeurs de bus est indispensable, car nous courons des risques énormes, allant des accidents de la circulation aux rixes mortelles. Vous savez, nous sommes parfois accusés aussi de vol par certains passagers… alors, à vous de deviner le climat quotidien dans lequel nous travaillons.» Que pensent les responsables du transport? Contacté à ce sujet, un responsable au niveau des services du transport, dira: «Vous savez, le transporteur doit obéir à un cahier de charge, en vertu duquel il est obligé de recruter 04 employés et de les déclarer à la sécurité sociale. Le problème qui se pose, réside dans le fait qu'un bon nombre de transporteurs suspendent les couvertures sociales au profit de leurs employés, dès qu'ils rentrent en activité, et ce, en l'absence d'un contrôle permanent des services compétents.» Pour ce qui est des services de la CNAS, ils diront: «Ce n'est pas à nous d'obliger les transporteurs employeurs de déclarer leurs employés. Cela relève plutôt des services de l'inspection du travail.» Un responsable de l'inspection du travail, s'exprimera à ce sujet, en révélant: «Ce problème existe bel est bien et pour y faire face, nous avons créé des commissions auxquelles nous avons confié la mission de recenser, sur le terrain, les cas non-déclarés des employés du secteur du transport urbain. Le problème qui se pose, réside dans le fait que ces employés ne sont pas coopératifs et refusent de collaborer avec nos services. A vrai dire, cette situation les arrange bien, car ils préfèrent toucher plus d'argent que d'être déclarés à la sécurité sociale. Toujours est-il que j'invite les employés de ce secteur, ceux qui sont assurés, à vérifier, chaque fois, si leurs cotisations sont régulièrement versées.»