Le service de la maternité du CHU d'Oran a été secoué par la mort d'une femme et de son bébé, atteints de grippe porcine. Et pour cause, le personnel, qui ignorait que la femme avait le virus A/H1N1. De fait, le même personnel craint, désormais, pour sa santé et la santé des femmes hospitalisées dans ledit service. Ceci démontre une grande faille dans les mesures préventives qui doivent être prises, et ce, afin de contrecarrer toute probabilité de propagation du virus dans les établissements hospitaliers. Les analyses et les examens médicaux auxquels a été soumise la défunte, âgée de 27 ans et originaire de Oued Rhiou, dans wilaya de Relizane, ont dévoilé qu'elle était atteinte de la grippe A. Il a été révélé, aussi, qu'elle portait le virus H1N1 bien avant son admission à la maternité du CHU d'Oran, quelques heures seulement, avant son accouchement. Le décès de cette femme et la grande confusion autour des circonstances dans lesquelles elle a contracté le virus n'ont pas manqué de créer une vraie psychose au sein du personnel médical et paramédical du service, frappé d'une extrême panique, depuis la découverte d'un autre cas suspect de grippe porcine, celui d'une femme enceinte de 24 semaines. «Le sujet affiche les symptômes caractérisés de la grippe porcine», nous dira-t-on. Selon des sources du service des maladies infectieuses, «le sujet suspect est placé sous une surveillance rigoureuse, en attendant que le résultat des analyses et des examens médicaux auxquels la patiente a été soumise, soient connus». «Nous avons également enregistré, poursuit-on, un autre cas suspect et qui a été placé, à son tour, sous surveillance médicale. Il s'agit d'un émigré, âgé de 40 ans et admis depuis hier au service». Il ressort du rapport médical, établi au sujet des deux premiers décès dus à la grippe porcine, que «la femme enceinte, en phase d'accouchement, a été évacuée de l'hôpital de Oued Rhiou, dans la nuit du 23 novembre. La maman souffrait d'une grave inflammation pulmonaire qui a lourdement compliqué son état, à quelques heures seulement de son accouchement et lors duquel le bébé avait contracté un malaise cardiaque, suite auquel il n'était plus viable. La maman, affaiblie par son état de santé critique, sombrera dans un état comateux qui nécessitera son transfert au service de réanimation. Et c'est là qu'elle a rendu l'âme». L'enquête médicale menée par les services compétents au sujet de ces deux décès a confirmé que la femme et son bébé portaient bien le virus A/H1N1. Les premiers éléments de l'enquête, avancés par les investigations diligentées par les services de prévention de la wilaya de Relizane, ont révélé qu'aucun membre de la famille de la défunte n'était atteint de grippe porcine. Ceci a amené les responsables au niveau des deux wilayas à s'interroger sur la source de la provenance du virus. Autrement dit, à l'heure actuelle, le foyer de contamination n'est pas localisé. L'absence des dispositifs et des moyens de prévention contre le virus suscite l'inquiétude du personnel médical et paramédical, ainsi que tous les citoyens qui fréquentent régulièrement et massivement le service, pour une raison ou pour une autre, et rien ne semble protéger les femmes enceintes, admises actuellement dans ce service. A ce propos, un médecin spécialiste en obstétrique affirme: «Il est plus qu'impératif de mettre en place un dispositif d'urgence de prévention contre la contamination du virus A/H1N1. Le nécessaire doit être fait afin que le virus soit maîtrisé, notamment en milieu de femmes enceintes qui sont exposées à contracter cette grippe». Notre interlocuteur souligne aussi que «le grand problème réside dans la longue durée qui sépare la contamination par le virus de l'apparition des symptômes, allant de 7 à 10 jours. C'est pourquoi, il est impossible de se prononcer sur le nombre de cas susceptibles d'avoir contracté la maladie». Une infirmière de ce même service témoigne, à son tour, en disant: «Nous n'avons pris aucune mesure préventive contre la propagation du virus. Le personnel n'utilise même pas les masques protecteurs. Pire, aucun de nous ne savait que la femme et son nouveau-né étaient porteurs du virus.» Il faut dire aussi que le décès de cette femme enceinte et atteinte de grippe porcine a suscité un sentiment de panique chez les autres parturientes qui ne se sentent ainsi pas en sécurité dans ce type d'établissement. Parmi ces femmes, M. Aïcha qui devrait accoucher cette semaine. Elle confie: «Sincèrement, je suis très inquiète, quant à mon sort et celui de mon bébé, surtout que les mesures préventives semblent inexistantes au sein du service. Il est vrai que c'est le premier cas du genre à être enregistré à la maternité du CHU d'Oran, mais ceci ne nous rassure pas, même si les médecins nous ont affirmé que nous étions hors de danger et que des mesures préventives draconiennes allaient être mises en place. Ce que nous voulons, nous, c'est de voir ces mesures concrétisées et appliquées».