Les journalistes étaient interloqués, jeudi, quand le Premier ministre a révélé, pour la première fois, que les autorités algériennes ont «caché» sciemment que Orascom Télécom Algérie (OTA), plus connue sous le label Djezzy, ne payait pas ses impôts. Pis, OTA transférait des sommes «colossales» à l'étranger. C'est là un grand pavé que vient de lancer, dans la mare, le Premier ministre à la face des Algériens, confirmant ainsi que l'opérateur de téléphonie mobile a bénéficié de grandes largesses des pouvoirs publics, ce qui lui a permis de bâtir des fortunes. Plus grave encore, Ouyahia a précisé que c'était à la demande de Nadjib Sawiris, le patron d'Orascom, qu'une enquête de la Direction générale des Impôts (DGI) déclenchée «depuis 12 mois» a été tenue sous silence. «L'enquête fiscale concernant Orascom était en cours depuis 12 mois et l'Algérie n'a pas l'habitude de médiatiser ce genre d'affaire pour ne pas nuire aux intérêts des entreprises contrôlées», a souligné Ouyahia. Le Premier ministre a tenu, également, à lever toute équivoque, en insistant sur le fait que le redressement fiscal de l'ordre de 650 millions de dollars, opéré récemment par la DGI, n'est nullement lié aux dernières confrontations entre les équipes de football d'Algérie et d'Egypte. La preuve, dira-t-il, l'enquête remonte à une année… D'après Ouyahia, l'Algérie n'a pas apprécié la décision d'OTA de médiatiser son différend avec le fisc, à la veille du match Algérie-Egypte, le 18 novembre à Khartoum (Soudan). En effet, dans un long communiqué rendu public, il y a quinze jours, le groupe égyptien s'est plaint de «l'illégalité» du redressement fiscal dont il a fait l'objet et menacé de recourir aux tribunaux d'arbitrage internationaux pour faire valoir ses «droits». Lors d'une conférence de presse tenue après la tripartite, Ouyahia déclarera: «Orascom va payer et ne pourra pas transférer de l'argent tant qu'il ne l'a pas fait(…) il ne pourra pas transférer ses dividendes tant qu'il n'a pas payé ses impôts!». Pour rappel, la réglementation fait obligation aux entreprises, depuis fin 2008, d'obtenir le quitus de l'administration fiscale pour transférer des fonds à l'étranger. Quid de la demande des autorités égyptiennes relatives au dédommagement des entreprises basées en Algérie, et qui ont été «affectées» par la crise et les tensions politiques? Là, aussi, Ahmed Ouyahia a été sec et cinglant dans sa réponse: «Il n'en est pas question!» Est-ce à dire que c'est la fin de l'aventure d'Orascom et sa filiale algérienne Djezzy? On en saura plus avec une probable réaction des responsables de cette société qui nourrit, quand même, des centaines de familles bien algériennes, celles-là.