Les usagers de la ligne d'autobus, Place El Mokrani-Université d'Es Sénia -simples citoyens ou étudiants- sont les victimes quotidiennes d'un gang de vol à la tire qui ne se cache même plus pour opérer. Les lieux de prédilection de ces malfaiteurs, qui n'hésitent pas à brandir une arme blanche pour dissuader des proies terrorisées, sont les deux arrêts des bus ‘U' et ‘ETO' situés à proximité directe du campus M.S. Taleb (IGMO), dans les limites de la daïra d'Es Sénia. Alertés par un groupe d'étudiants, nous nous sommes rendus sur les lieux pour recueillir les témoignages des victimes. Meriem, une étudiante de 3ème année en LMD nous confirmera avoir été victime d'une tentative de vol, n'était l'intervention d'un camarade de classe. «Je m'apprêtais à me mêler aux autres usagers pour monter dans le bus quand un camarade m'appela par mon prénom. Intriguée par cette attitude peu coutumière de la part d'un garçon très correct, j'ai compris qu'il avait de bonnes raisons d'agir de la sorte». Meriem nous racontera que le garçon lui expliqua par des gestes discrets qu'il y avait une bande de voleurs qui opérait et qu'il en avait repéré au moins trois. «J'ai vu ‘in live' un jeune d'une vingtaine d'années presser une jeune fille, comme pour faire croire qu'il désirait assurer sa place dans un bus déjà bondé. Au moment de monter à l'intérieur, le jeune a plongé une main dans la poche de la fille et l'autre dans le sac puis a rebroussé chemin en faisant croire qu'il était dépité que le bus soit bondé. Dans la bousculade, la fille ne se rendra compte de rien» dira notre interlocutrice qui ajoutera qu'une fois le bus en route «le voleur est parti de l'autre côté de la route pour refaire son numéro dans l'autre arrêt». «J'avais les jambes en coton parce qu'en 2007 j'ai déjà été agressée par un trio qui nous a menacées, mon amie et moi, avec des armes blanches, pratiquement au même endroit. J'avais perdu et mon portable et un bracelet en or et ma camarade un portable». Le gang est composé de 5 malfaiteurs Walid M., étudiant en 3ème année également, aura eu une amère expérience. «J'ai averti une autre fille, une étudiante, qu'elle était ciblée. Elle m'a répliqué sèchement qu'elle était une m'halba. Après être montée, elle est redescendue au prochain arrêt et est venue vers moi en m'accusant d'être un complice des voleurs» dira-t-il choqué. «Je lui ai expliqué que je l'avais avertie et que je risquais d'être pris à partie par la bande pour m'être mêlé de ce qui ne me regardait pas, si j'étais allé plus loin» ajoutera-t-il. Meriem ajoutera qu'elle avait assisté à une agression sur une fille en plein jour, cet après-midi, devant l'arrêt «alors qu'il y avait facilement 30 à 40 hommes dans le café d'à côté. Personne n'a réagi». Meriem préférera prendre un taxi pour rentrer chez elle. Walid affirmera avoir repéré, parmi le gang, un homme qui portait un enfant, le jeune de vingt ans évoqué et un autre avec un sac à dos qui voulait renvoyer de lui l'image d'un étudiant. «J'en ai repéré deux autres, mais je ne pas très sûr», ajoutera-t-il. Le barrage de police est à 300 mètres Désirant en savoir plus, nous avons demandé à un des agents de sécurité le pourquoi de cette situation. L'agent, qui conditionnera sa réponse à l'anonymat, dira «moi, j'ai pour mission d'intervenir à l'intérieur du campus. 300 mètres plus bas, il y a un barrage de police. Voyez avec eux». Effectivement, à la distance indiquée, un barrage de police réglait la circulation tout en surveillant les alentours. La proximité de la poste Zerbani Mohamed et l'entrée fréquentée de l'Ecole Nationale Supérieure de l'Enseignement Technique (ENSET) expliquent, probablement, le choix du lieu du barrage. Un agent de sécurité de l'ENSET reconnaîtra qu'il y avait beaucoup d'agressions à cet endroit mais que ces agissements ne sont plus signalés.Toujours est-il que la présence d'un gang, qui semble agir sans se soucier d'être arrêté, terrorise les usagers de cette ligne.