La Kabylie est elle armée face au dangers de la drogue? La question mérite d'être posée, au moment où la région fait face aux grands défis de la lutte pour le développement et le terrorisme. S'exprimant, jeudi, sur ce sujet douloureux; le Dr Messaoudi, exerçant à l'EHS Fernane Hanafi de Tizi-Ouzou, a déclaré que dans le pays, d'abord, et dans la région, ensuite, que «la drogue fait des ravages et ce, jusque dans des milieux qui croyons nous étaient fermés à ce type de déviance : la jeunesse et les femmes». Auparavant, la région a connu ses ‘'hachaichis'', hommes consommant du kif, certes, mais plus proches des philosophes que des délinquants ainsi que des zones de plantation, dans des villes comme Sidi Ali Moussa ou les Ouacifs. Le sujet évoqué interpelle les adolescents et, dur est le réveil pour ceux qui pensaient que la région était immunisée car encadrée par les comités de villages. Le Dr Messaoudi tire la sonnette d'alarme en précisant qu'à l'échelle nationale 45% des lycéens ont touché à l'herbe parmi lesquels 8% de filles. Face à la démission des parents, à l'instar de plusieurs régions du pays, les adolescents ont découvert la drogue qui est, aujourd'hui, une réalité dans nos cités. Dans la wilaya de Tizi-Ouzou on s'échange, entre jeunes, des informations sur les endroits où l'on peut se procurer cette drogue, généralement du Kif. Avec l'apparition de la violence, et depuis la délocalisation de brigades de gendarmerie, les dealers ont trouvé un terrain favorable pour se déployer en toute impunité. Des associations existent, pourtant, et essaient de prêter main forte à ces jeunes dépendants, c'est le cas de l'association Repères-Lewhi. Comme le précisera Tahar, un adhérent, des villes sont devenues des plaques de commerce de drogue en Kabylie. Après Tizi-Ouzou, c'est Boghni, Draa El Mizan, Draa Ben Khedda, Maatkas Tadmair et Ouacifs que les citoyens pointent du doigt. Les comités de villages semblent s'être doucement investis de cette lutte mais encore faut-il que tout le monde coopère dans un combat qui interpelle la famille, l'école, les associations et les services de sécurité.