Des militants FLN de Tlemcen ont signé une pétition dans laquelle ils fustigent Belkhadem et crient «à la magouille, aux passe-droits et aux dépassements qui ont caractérisé le dernier congrès». Depuis la tenue du 9e congrès, certains militants du FLN, ceux qui se présentent comme «les plus intègres et les plus dévoués à la ligne du vieux parti», ne semblent pas près d'oublier «les assises cauchemardesques et rocambolesques de ce conclave lequel, au lieu de jeter les bases solides pour repositionner le FLN sur la voie de la transparence, la démocratie et les débats objectifs, a enfoncé le parti vers plus de dissidences, d'antagonismes et de conflits internes d'intérêts», pour reprendre les termes des «frondeurs». «Les militants ont vécu de tristes et regrettables moments caractérisés par des rixes, de la violence et des dépassements en tous genres où les textes statuaires et les règlements intérieurs ont été bafoués, pour ne pas dire piétinés, par les mentors du FLN système et FLN pouvoir», lit-on dans le document. Dans la pétition adressée au SG du FLN et signée par les militants démissionnaires de la Mouhafada de Tlemcen, il est fait état des causes qui ont poussé ces derniers à claquer la porte du parti, se disant «outrés, humiliés et indignés» par ce qu'ils ont vécu lors du congrès, en s'interrogeant sur «le silence, la passivité et l'impuissance du SG du FLN qui a constaté les dépassements sans prendre aucune décision». «Même les recours introduits par les délégués de Tlemcen et ceux d'autres wilayas sont restés lettre morte», signale-t-on dans le document. Dans cette pétition, les militants rappellent aussi au SG du FLN que les violences les ciblant ont commencé «la veille de la tenue du 8e congrès», en faisant face à «toutes les pressions et menaces». «Mais le choix du moment imposait cette détermination et cette conviction de soutenir le candidat Abdelaziz Bouteflika, quelle que soit l'issue du scrutin» car, soulignent les rédacteurs du document, il s'agit de «l'homme qui a fait renaître le FLN et lui a redonné son aura sur la scène politique nationale, à un moment où le parti connaissait la décadence et que les militants opportunistes se faisaient une virginité dans d'autres partis politiques ou se taisaient durant la décennie noire.» «Pourtant, s'interrogent les pétitionnaires, ce sont ces mêmes personnes qui tiennent les rênes du parti qui n'avait jamais connu auparavant pareille situation, même au temps du parti unique.» «Les dérives actuelles sont nombreuses dont la corruption lors de chaque échéance électorale», signale-t-on encore en soulignant que «pour être maire, député, sénateur ou même membre d'une commission au sein des structures du parti, il faut mettre la ‘Chkara' sur le tapis». «Cette situation a généré la naissance de clans et donc des conflits d'intérêts, entraînant des disputes entre militants, et l'émergence de la médiocrité dans le choix des candidats au détriment des élites jeunes et intègres», fait-on aussi remarquer. Cette pétition ressemble en fait à un véritable réquisitoire contre le parti de Belkhadem qui aura du mal à gérer la situation post-congrès tant la contestation a pris des proportions alarmantes et qui va certainement entraîner davantage de mécontentements et de tiraillements et davantage de violences dont le FLN détient le triste record. Les signataires de la pétition affirment, par ailleurs, que «c'est le FLN qui a institué la violence et la ‘Chkara' pour l'achat des postes et cela a contaminé les autres partis politiques». Et d'ajouter que «le congrès a montré que le parti est l'otage d'une équipe qui use et abuse de sa position pour faire et défaire qui elle veut, sans se soucier des statuts du parti», en soutenant que «la course aux postes ne se fait plus sur la base des critères de compétence et de mérite, mais sur la base du degré d'allégeance aux dirigeants actuels». Les centaines de militants mécontents se disent outrés «non de n'avoir pas été retenus, mais du fait que les personnes admises au comité central ne répondent pas aux critères annoncés par le SG lui-même». Les signataires affirment dans leur pétition que «plus de 80% des candidats ne remplissent pas les critères exigés par les statuts et le règlement intérieur du parti». A noter enfin que les militants démissionnaires sont décidés à élargir leur protestation aux wilayas qui ont connu le même scénario. Voici un prélude à une nouvelle vague de protestations. Le FLN est-il au bord de l'implosion?