Les nouvelles mesures dissuasives décidées par les pouvoirs publics contre des vendeurs à la sauvette stationnés au sud de la ville de Tiaret aux quartiers Volani, Teffah et Sonatiba n'ont pas abouti aux résultats escomptés. En effet, cette opération de lutte contre le commerce informel place les services concernés devant un dilemme dans la mesure où la quasi-totalité des vendeurs ne sont, en fait, que de jeunes chômeurs et chefs de familles issus d'un exode rural massif. Le quartier le plus ciblé par cette opération a été celui de Sonatiba, un lieu considéré, à juste titre, comme un espace de non droit pour son modèle urbanistique agressif, son ensemble architectural peu imaginatif et sa densité de population très élevée. Tous ces légumiers, brocanteurs, fripiers, savetiers et vendeurs de pain sur la voie publique refusent d'obtempérer à l'ordre et continuent jouer au chat et la souris avec les policiers. Ce qui crée parfois des mouvements de panique indescriptibles chez les locataires du quartier. Pour Khaled légumier occasionnel «le paradoxe dans cette campagne c'est que les commerçants du nord et du centre- ville ont, depuis longtemps, squatté les trottoirs et les rues avec leurs produits électroménagers, quincaillerie et habillements sans que personne ne vienne les inquiéter !». Et d'ajouter en substance «les charretiers et les camionnettes sont toujours présents en plein centre-ville». Au marché de Volani, et au niveau des arcades, toutes les issues ont été obstruées, les légumiers se sont imposés par la force, dictant leurs propres lois sur ce marché informel et dressant des mercuriales hors de portées des bourses où tous les prix sont arrondis à la centaine. Abdelkader, père de quatre enfants, avec son turban portant encore des traces de suie, un visage labouré de rides, déclare avoir trouvé un créneau dans la brocanterie pour subvenir aux besoins de sa famille : «je viens ici devant le marché couvert pour au moins vendre quelques robinets, des écrous, de l'outillage usagé et tout ce qui provient de la récupération.» La ville de Tiaret est le modèle type d'une cité qui n'obéit plus à la vie citadine, rejetant d'un revers de main toutes les notions citoyennes. En fait, où est passée cette proposition formulée par des associations de défense des consommateurs et de certains élus quant aux marchés tournants dans des quartiers ?