Sur 99 trains en partance de la gare d'Alger, un seul a roulé hier. Le transport ferroviaire, qui entame à peine sa mue dans notre pays, à la faveur d'un plan national de réhabilitation, est depuis deux jours soumis à pression. Les cheminots étaient hier à leur deuxième jour de grève.La journée d'hier a été marquée par l'élargissement du mouvement à d'autres localités, certes, mais également par l'ouverture de négociations avec le partenaire social pour trouver des solutions pour la reprise du travail. Ce mouvement de grève, qui échappe totalement à l'UGTA, est l'œuvre de la base syndicale et trouve sa motivation dans l'intégration des conventions de branches desquelles elle a été écartée. Si les responsables de la SNTF ont minimisé au premier jour les conséquences de ce débrayage, parlant d'à peine 40% de suivi, hier ils ont reconnu son importance. La paralysie presque complète du secteur est évidente, ce qui a poussé à l'ouverture de pourparlers qui se poursuivaient encore hier. Les trains ont très peu roulé ces deux derniers jours, bien que la SNTF a fait appel à du renfort. «Nous poursuivrons notre grève jusqu'à satisfaction de nos revendications», a affirmé hier un responsable syndical des travailleurs. Les services d'infrastructure, du matériel et de l'exploitation ont été bloqués. Les cheminots soulèvent des questions salariales, et contestent leur fédération affiliée à l'UGTA, accusée de fuir ses responsabilités. Serait-ce un mouvement sans tête? La question reste posée. Ils exigent, également, une amélioration de leur situation socioprofessionnelle, sécuritaire et l'augmentation des indemnités liées aux risques de travail et aux longs déplacements. La majoration de la prime de risque, celle du kilométrage, l'obtention d'une prime de restauration, et la révision de la grille des salaires sont les autres revendications des grévistes. Les promesses d'augmentation des salaires de 20% ainsi que celle de la prime de risque liée aux longs déplacements n'ont apparemment pas été tenues, même si un responsable indiquait au premier jour du débrayage, à la radio, qu'une partie de l'accord passé avec le partenaire social est presque totalement appliqué. La DRH de la SNTF avance la situation financière de la société qui ne permet pas d'aller au-delà de ce qui a été convenu. «Les pouvoirs publics devront assumer les perturbations qu'engendrera cette grève», menacent ces travailleurs livrés à eux-mêmes mais qui sont prêts à faire face à la menace brandie par la direction d'«ester en justice les grévistes et appliquer la loi dans toute sa rigueur». M. Bechikhi Djamel, secrétaire national chargé de l'information de la FNC, a déclaré que «même si cette grève a lieu sans l'aval de la Fédération, elle demeure tout à fait légitime. Les cheminots sont lésés. Aussi, nous soutenons les revendications des travailleurs».