Les gares ferroviaires d'Alger étaient désertes hier. Les salles d'attente d'arrivée et de départ étaient vides, quelques dizaines de travailleurs circulaient pour fournir des informations aux citoyens demandant les horaires des trains. «Où allez-vous ?» demande un agent à chaque personne qui franchit l'entrée de la gare de l'Agha. «Prendre un billet» répondaient les voyageurs. Après s'être renseigné, il répètera invariablement : «Il n'y a pas de train pour cette destination.» Les seules personnes autorisées à attendre dans la petite salle étaient les voyageurs à destination de Chlef et d'Oran où deux trains ont été mobilisés pour assurer ces dessertes en fin de journée. L'accès aux quais a été d'ailleurs fermé et une dizaine de locomotives étaient à l'arrêt depuis le début de la journée. «Agents de sécurité, évacuez la salle, il n'y a pas de train» a encore ajouté cet agent. Même constat au niveau du terminus à la place des Martyrs où aucun mouvement n'est prévu pour cette première journée de grève des cheminots. Aux environs de 11 h 30, les travailleurs roulants de la SNTF ont fini leur assemblée générale au cours de laquelle ils ont décidé de poursuivre cette grève jusqu'à satisfaction de leurs revendications. «Notre grève est illimitée. Nous sommes décidés à conduire ce mouvement jusqu'à ce que nous ayons une réponse satisfaisante» ont clamé les travailleurs en relatant les principales revendications à l'origine de ce mouvement : «Il y a une ségrégation intolérable dans l'application des lois régissant la carrière des travailleurs toutes catégories confondues» affirment-ils. C'est ce qui résume la première revendication relative à la révision du plan de carrière du personnel roulant. «La note de délai d'avancement qui fixe le système de promotion de ces travailleurs n'a jamais été appliquée au personnel roulant. La direction générale de la SNTF nous met toujours l'obligation de l'examen de barrage comme obstacle. Nous ne demandons pas un poste de responsabilité, mais juste la promotion à ce grade qui doit se faire de façon graduelle, comme cela est indiqué dans la note « nous expliquent les travailleurs. Ils précisent que leurs collègues de Constantine ont obtenu gain de cause sur cette question après avoir intenté une action en justice. Les travailleurs demandent l'alignement des primes par kilométrage en les classant dans le cœfficient 5 pour toutes les catégories : voyageurs, marchandises et banlieue. «Là aussi, il y a une grande discrimination et le barème appliqué ne prend pas en compte les nombreuses difficultés que nous rencontrons dans notre travail quotidiennement» ont encore précisé ces travailleurs rencontrés à la gare d'Alger. L'autre revendication concerne la révision du salaire de base : «Nous sommes les derniers de l'échelle. Vous imaginez que notre salaire de base n'a pas atteint 14 000 dinars ; il est précisément de 13 341 dinars. Nous n'avons bénéficié d'aucune hausse de salaire. Quand il y a augmentation dans la Fonction publique, ils nous informent que nous n'appartenons pas à cette catégorie, et quand l'augmentation concerne le secteur économique, ils nous expliquent que nous ne sommes pas dans cette catégorie non plus. C'est absurde.» Le personnel roulant de la SNTF exige des informations sur les suites données au projet «Indifoc». C'est, selon eux, un document qui contient la totalité des revendications socioprofessionnelle des travailleurs de l'entreprise. Son élaboration a été entamée depuis plus de dix ans. «Aucune suite n'a été donnée quant aux résultats de ce travail pourtant important pour notre carrière» ont-ils regretté. Les cheminots déplorent la médiocrité de leur situation et s'interrogent sur leur devenir. Pour eux, la seule réaction enregistrée en réaction à leur mouvement, entamé par les travailleurs et non par la Fédération du transport, a été celle du directeur régional qui leur a demandé de reprendre le travail. La direction nationale a gardé le silence. A noter que cette grève a concerné les cheminots exerçant dans les wilayas d'Alger, Bordj Bou Arréridj, Beni Mansour, Béjaïa, Chlef et Khemis Miliana.