Le Conseil des ministres s'est réuni, hier, sous la présidence du chef de l'Etat. Plusieurs dossiers ont été examinés. Même si l'agence officielle n'en a pas soufflé mot, au moment où nous mettons sous presse, la télévision a monté des images de la séance. L'intérêt de ce conseil des ministres réside moins dans l'intitulé des questions que dans sa tenue elle-même, qui représente un événement politique. En effet, depuis près de cinq mois, le Conseil des ministres ne s'est pas réuni ; le dernier en date a eu lieu le 30 décembre. Le fait que le conseil a été mis en mode «mute» depuis des mois s'est traduit par un immobilisme des institutions. Même si les Sénat et Parlement donnaient l'illusion d'une certaine dynamique, à travers les questions orales aux membres du Gouvernement. Il est évident que la non tenue de ce Conseil des ministres depuis des mois, n'est pas un simple fait du hasard, car tous les observateurs considèrent qu'il est le signe de la mauvaise humeur du président par rapport aux «performances des ministres», même s'il s'est bien gardé de s'exprimer sur ce sujet. Lors de la dernière finale de football, le 1er mai dernier, le président Bouteflika s'est fait accueillir exclusivement par des responsables militaires. Le gouvernement au complet était tenu à l'écart, alors que Hachemi Djiar, ministre de la Jeunesse et des Sports, selon l'usage protocolaire, aurait dû suivre le match aux côtés du président. Ahmed Ouyahia, sur qui la télévision avait zoomé, ne cachait pas sa gêne devant cette bouderie présidentielle. Autre signe de malaise qui n'a pas échappé aux observateurs : le rendez-vous gazier d'Oran, à l'occasion de la tenue du GNL 16. A travers cet événement pour lequel une bagatelle de 800 millions de dollars a été investie, l'Algérie entendait soigner son image de marque en tant qu'acteur de poids sur la scène énergétique internationale, mais l'absence du président ou d'un représentant avait été remarquée. Même les membres du gouvernement n'ont pas fait le déplacement d'Oran, laissant seul Chakib Khelil dans son isolement qui signifie sa disgrâce (?). D'autres faits expliquent pourquoi le président a mis tant de semaines pour réunir ses ministres. En attendant, et maintenant que la machine semble redémarrer, beaucoup de questions devraient trouver réponse. Les choses vont certainement se clarifier dans un sens ou dans l'autre car ce Conseil aura valoir de bilan. Annoncera-t-il des changements ou sera-t-il l'occasion de confirmer le remaniement qui est dans l'air depuis des mois?