«Doit-on franchir le pas de la légalisation de certaines drogues, vu que la prévalence de la consommation de plusieurs types de drogues est en perpétuelle hausse?» C'est l'une des importantes questions posées hier par le directeur de l'office national de lutte contre la drogue, lors du séminaire régional pour les wilayas de l'Ouest qui s'est tenu hier à Oran. L'intervenant n'a pas écarté cette solution. «Mais, a-t-il dit, cette arme là, adoptée par certains pays d'Europe, ne risque-t-elle pas d'être à double tranchant, si elle est utilisée chez nous?» Légalisons les drogues douces mais cela peut-il faire barrière au trafic de drogues dures, telles l'héroïne et la cocaïne. Par ailleurs, ce même responsable mettra le point sur les spécificités de la loi 04-18 du 25 décembre 2005, relative à la prévention et à la répression de l'usage et du trafic des stupéfiants et substances psychotropes. Revenant ainsi sur l'article 6 de cette loi qui stipule que l'action publique n'est pas exercée contre les personnes conformées au traitement ni contre celles ayant fait usage illicite de stupéfiants et qu'il a été établi qu'elles étaient soumises à une cure. Tout comme reviendra cet interlocuteur sur le nombre, en perpétuelle croissance des toxicomanes et en effet, il a été recensé plus de 30.000 sur une durée de 10 ans dont 5% concerne la gent féminine. Alors qu'au Maroc ce sont 800.000 toxicomanes qui ont été recensés contre 200.000 en France sur les 2.000.000 de consommateurs de substances stupéfiantes. Au niveau mondial, ce sont 150 millions de consommateurs qui ont été comptabilisés, alors que le bénéfice de vente des stupéfiants au niveau international, a été estimé, et après enquête, à près de 500 millions de dollars, un bénéfice qui dépasse les ventes d'armes et celui du pétrole. A titre indicatif, on peut dire que le trafic des stupéfiants est devenu un vrai pilier de l'économie internationale, si on se réfère à ces chiffres. Concernant la production, même si l'Algérie n'est qu'à ses débuts, il est peut être grand temps de tirer la sonnette d'alarme, vu les affaires concernant la culture de chanvre indien, traitées par la justice au niveau national. Toutefois, le Maroc reste le premier en tête avec une production de 60%. Pour ce qui est des saisies, on saura que durant le premier trimestre de cette année, ce sont 16 tonnes qui ont été ainsi saisies, alors que l'année dernière, ce sont 75 tonnes de résine de cannabis saisies. Rappelons que lors d'une prise opérée suite à une course poursuite entre les GGTF et les narcotrafiquants, ce sont plus de 8 tonnes qui ont été saisies. Et là a été démontré que ces derniers, parlant des narcotrafiquants, ont développé leur propre système de transport et ne lésinent devant rien pour faire passer leur marchandise. Plus d'une fois, ce sont des accrochages sanglants ayant fait des morts qui ont été enregistrés, comme celle de l'affaire des 2 tonnes, saisies le 19 janvier 2008 à proximité de Béchar et lors de laquelle ont été tués un capitaine et un commandant. Signalons également qu'Oran se trouve classée en deuxième position, concernant la toxicomanie, après la capitale et avant Blida. Concernant les centres spécialisés de désintoxication, on apprendra, lors de l'intervention de ce responsable, que 15 centres sont en cours de réalisation, alors qu'à l'heure actuelle on n'en compte que deux, l'un à Oran et le second à Blida. D'un autre côté, le procureur général de la cour de Tizi-Ouzou est revenu sur la loi en débat et a mis le point sur le fameux «echikkha», un narcotrafiquant, immiscé dans les plus importantes affaires de trafics de stupéfiants dans le sud. En effet, ce dernier possède environ 80 Toyota station, destinées spécialement à ce trafic. Au delà de la résine de cannabis, il est peut être important de mettre le point sur les drogues dures telle la cocaïne qui ne touche que les franges huppées, «mais dans quelques années, dira le directeur de cet office, cette drogue de la “jet-set algérienne” va probablement se démocratiser pour atteindre même les couches populaires avec un prix au détail qui sera revu à la baisse.» Le prix actuel est situé entre 8.000 et 12.000 DA le gramme. Rappelons qu'au courant de l'année 2008, la Marine française a intercepté un navire panaméen avec une cargaison de 3 tonnes de cocaïne à destination de notre pays. Alors, il est grand temps de prendre les dispositions adéquates.