Le 15 septembre 2004, la direction du crédit populaire d'Algérie, située rue Khémisti, reçoit un appel émanant de l'une de ses agences qui se trouve à Gambetta, et ce, pour un transfert de fonds avoisinant le milliard. Selon les déclarations des responsables, c'était une entreprise turque qui avait demandé cette importante somme. Le lendemain donc, le transfert a lieu et l'argent est envoyé de l'agence de Khémisti vers celle de Gambetta dans des sacs. La somme est ensuite remise aux Turcs qui étaient sur place. Quelques instants plus tard, un client se présente pour retirer quarante millions de centimes, somme qui lui est remise en billets de mille. Ayant besoin de petites coupures, il demande à ce qu'on lui change la somme de deux millions centimes. C'est en faisant passer les billets dans la compteuse que les faux sont décelés. Illico presto, les Turcs sont appelés et l'argent qui leur a été remis, est contrôlé. 979 faux billets en coupures de 1.000 DA sont alors retrouvés, dissimulés parmi les vrais billets. Une enquête est alors ouverte. Cette dernière permet de découvrir plusieurs anomalies dans le transfert des fonds. En effet, la somme de plus de 1 milliard avait été transportée dans des sacs ouverts, alors que le règlement exige qu'ils soient fermés à l'aide de cadenas, ajouter à cela que l'argent remis aux Turcs, n'a fait l'objet d'aucune opération de contrôle et c'est seulement lorsque le client a demandé des petites coupures que le pot aux roses a été découvert. Appelés hier à la barre du tribunal criminel de la cour d'Oran, pour répondre du grief de distribution de faux billets, les deux employés, l'un de Khémisti et le second de Gambetta, se seconderont à la barre pour dire qu'ils ignoraient totalement comment cela avait pu se produire. M.B. affirme que les billets étaient bien passés par la machine, c'est-à-dire vérifiés deux fois, avant qu'ils ne soient envoyés. Quant au second, il dit avoir réceptionné les sacs ouverts. Une situation qui laisse perplexe. Que s'est-il donc passé en cours de route? A en croire les déclarations de M.B. qui dit que les fonds ont été transférés en bonne et due forme. A cet effet, il cite les documents 520 ou 52 qui font référence à cette opération. «Votre Honneur, je n'ai fait qu'exécuter les ordres.» Cités, les témoins dont des cadres du CPA et le directeur adjoint n'apporteront aucun éclaircissement, si ce n'est un laisser-aller, ainsi que le soulève le président de l'audience du tribunal criminel. Lors de son réquisitoire, le représentant du ministère public a demandé à l'encontre des deux employés la peine maximale et la défense a plaidé leur non-culpabilité, démontrant qu'aucune preuve tangible n'a été saisie contre eux. L'affaire a été mise en délibéré.