«J'ai honte de faire mes emplettes ou de payer mes dettes avec ces billets en lambeaux et ceci à chaque fois que j'empoche ma pension», réclame O.B., un retraité de l'éducation. Ces plaintes sont devenues monnaie courante chez les utilisateurs des comptes CCP ouverts au niveau des agences postales de la wilaya. Selon nos sources, c'est depuis plus d'une année que les guichets d'Algérie Poste n'offrent souvent que des billets de 200 dinars à leurs nombreux usagers. Malheureusement, ces vieux billets de plus de 16 cm de long sur 7cm de large et édités en 1983, sont devenus inutilisables pour tous les usagers. En effet, à force d'être mal manipulés par le citoyen de toutes les couches et les corporations, ces billets ont été transformés en une sorte de mouchoirs que personne ne ménage malgré les efforts déployés par les organismes financiers pour les conserver en bon état et prolonger leur circulation sur le marché national. Tous les usagers rencontrés sont unanimes pour dire que ces billets devraient être retirés de la circulation et remplacés par d'autres plus adéquats aux traditions de l'utilisateur algérien, lesquelles ne sont pas clémentes quant à la manipulation des billets car, aujourd'hui, ces vieux billets de 200 dinars présentent tous les signes possibles de dégradation et d'irrévérence. Ils sont à plus de 70% sales et déchirés en long et en large, fragmentés en morceaux presque incollables. Ces billets frappés de l'effigie de l'illustre Emir Abdelkader, sentent toutes les odeurs. Outre les gribouillages, signatures, opérations de calcul et autres graffitis qui sentent toutes les odeurs des mains qui les ont molestés, il s'en dégage un relent d'épices de poissons, d'huile et graisse, d'essence, de parfums, d'insecticides, de combustibles divers… Bref, un panaché de senteurs à faire pâlir de jalousie les préparateurs en produits cosmétiques. Tous les usagers de la poste sont en colère. «On a beau se sentir humiliés, les pouvoirs publics restent impassibles, voire indifférents pour l'instant. Parfois, les clients mettent en cause le personnel des guichets qui n'y est pour rien, mais subit le mécontentement du public», précise un agent de la poste. La question a pourtant été traitée plusieurs fois par la presse écrite. Un commerçant, questionné à ce sujet, rapporte «que chaque mois et quand ses clients habituels s'acquittent de leurs modestes créances, il réserve une soirée complète à trier, contrôler et recoller les dégâts subis par ces vieux billets. Sur 100 billets de 200 dinars, j'en répare à chaque fois une soixantaine, car je n'ose pas les présenter à d'autres personnes dans un état lamentable». Alors, à quand le remplacement de tous ces billets piteusement usés et d'aucuns pensent qu'ils ont bien fait leur temps?