Le gouvernement a décidé de passer à l'offensive et de sévir contre les spéculateurs des produits de large consommation. A l'occasion du débat à l'APN, autour du projet de loi amendant et complétant l'ordonnance relative à la concurrence et celle fixant les règles des pratiques commerciales, le nouveau ministre du Commerce, Mustapha Benbada, a annoncé une série de mesures concrètes pour briser les monopoles et contrecarrer les barons de l'import-import qui agissent en toute impunité dans le circuit informel. En plus de la réhabilitation du Conseil national de la concurrence, d'ici la fin de l'année, qui se chargera notamment du contrôle des marchés parallèles, Benbada compte doubler les effectifs de surveillance, avec le recrutement de 7.000 nouveaux agents de contrôle dont 1.000 seront opérationnels d'ici la fin de l'année en cours, en plus de 3.000 agents de la direction de la Concurrence des prix et de la Répression des fraudes (DCPRF), déjà opérationnels au niveau national, notamment durant le mois sacré du ramadhan. Il sera, également, question de créer "un institut national pour la formation et le recyclage des agents de contrôle, qui sera opérationnel d'ici 5 ans". Une nouvelle société, chargée de la création et la gestion des marchés au niveau national, sera également mise en place prochainement. Dans le cadre du nouveau texte de loi sur les pratiques commerciales, les professionnels seront obligés de préciser chaque année la structure des prix au niveau de leurs chambres respectives, selon leurs secteurs, a tenu à souligner Benbada. Avant de préciser que "toute transaction économique doit faire l'objet d'une facture. Pour endiguer la hausse vertigineuse des prix, les pouvoirs publics introduisent le plafonnement des marges des produits, dans le cadre de la loi sur la concurrence, et décident de veiller à ce que le jeu de la concurrence soit loyal et l'approvisionnement du marché correct. Pour atténuer la flambée des prix, Benbada a annoncé en outre la création de 1.800 marchés locaux, 50 nationaux et 20 régionaux. Les députés, eux, ne l'entendent pas de cette oreille. Ces derniers estiment que «ce texte est destiné plutôt aux simples commerçants et épargne les barons du commerce». Les députés feront savoir que le mal du commerce, et par extension de l'économie nationale, est sans contexte le marché informel d'où l'impérieuse nécessite d'y remédier. Pour Ramdane Taâzibt du Parti des travailleurs (PT), cette loi est certes la bienvenue mais elle reste tout de même insuffisante. Et ce, pour la simple et bonne raison qu'elle ne s'attaque pas aux vrais maux du commerce national qui sont le marché informel, la spéculation mais surtout les barons du commerce national. Le RCD, par la voix de Hakim Saheb, lui emboîte le pas en estimant que le gouvernement manque de volonté pour contrôler les transactions commerciales, mais aussi à mettre fin au commerce parallèle, qui font le beau et le mauvais temps de l'économie nationale. Même son de cloche chez son confrère Tahar Besbes qui soutient que le gouvernement ne sait point sur quel pied danser ni sur quelle stratégie économique se pencher. Et ceci pour manque terrible de vision économique au moment ou 70% des transactions se font dans l'informel. Par ailleurs, les députés soulignent que le plafonnement, encore moins la fixation des prix, ne constitue pas forcément la solution. Seul le renforcement des mécanismes du contrôle, qui doit se faire sans exclusion aucune, pourra solutionner le problème. Sur ce registre, les intervenants ont mis l'accent sur l'impérieuse nécessite de soumettre cette activité (import et export) à un cahier de charges très strict. Dans cette optique, ils reprochent à l'Etat son manque du courage pour contrôler le marché national et s'attaquer au lobbying qui monopolise l'activité commerciale. C'est ainsi que les parlementaires sont unanimes à soutenir que la loi, telle qu'elle est conçue et modifiée par la tutelle, ne réglera pas la problématique de la flambée des prix qui caractérise le marché des produits alimentaires et de surcroît de première nécessité. Enfin, les députés préconisent, entre autres, l'augmentation des salaires afin de pouvoir faire face à la cherté de la vie, encourager la production nationale pour faire face aux perturbations ayant mené à cette hausse vertigineuse des prix, la fixation de la marge bénéficiaire pour le simple commerçant ainsi que pour l'importateur et le producteur.