Un patrouilleur de la marine nationale, rattaché à la station maritime des gardes-côtes du port d'Oran, lors d'un cabotage nocturne, a arraisonné dans la nuit de mardi à mercredi derniers, une véritable «armada» composée d'au moins une dizaine de petites embarcations pleines à craquer de postulants à l'émigration clandestine, apprend-on auprès d'une source crédible. Les canots de tête formant l'avant-garde de la dite flottille aurait été interceptés à environ cinq miles nautiques, au nord-ouest du cap de la «pointe de l'aiguille», à quelques encablures de la localité de cap Carbon (Arzew). Cette opération a permis de neutraliser un grand nombre de harraga. La force navale en question, après maintes exhortations assignant les navigateurs illégaux à se rendre, aurait été contrainte de faire usage de tirs de sommation avec des projectiles en élastomère, pour persuader les plus entreprenants des clandestins à rebrousser chemin. Certains se seraient alors jetés à l'eau pour échapper à leurs poursuivants et seraient parvenus même à rejoindre la côte à la nage, à la faveur de l'obscurité. Les éléments des gardes-côtes du port d'Oran ont réussi tout de même à arrêter un grand nombre parmi ces aventuriers et saisi les embarcations qui ont servi à cette tentative de harga. Selon des témoins oculaires, des candidats à la harga, estimés à plusieurs dizaines, auraient élu refuge pendant plusieurs jours au milieu d'une crique dont l'abordage est difficile par la lithosphère, et située non loin d'une plage isolée connue sous le nom de «Djenne Kerroum» près d'Aïn Defla à Kristel. D'après les mêmes témoignages, le bivouac choisi par les passeurs aurait servi de lieu de rassemblement aux harraga, avant l'entame de la traversée hasardeuse séparant les côtes nationales de celles ibériques. Selon toujours les mêmes spéculations, les prétendants à l'Eldorado espagnol auraient tenté de profiter de la conjoncture actuelle, imprégnée par le grand enthousiasme qui règne actuellement en Espagne après la victoire des «Rojos» en Coupe du monde de football, et aussi de l'éclaircie qui caractérise la météo ces jours-ci sur la Méditerranée. Notons enfin qu'en amont de la montagne de Sidi Moussa, qui culmine à plus de 1.000 mètres d'altitude, s'établit un poste avancé de gardes-côtes équipés de lorgnettes et autres matériels sophistiqués pouvant localiser tout corps flottant, à n'importe quel endroit de la baie d'Arzew et de ses alentours maritimes immédiats. C'est de là qu'aurait été déclenchée l'alerte, croit-on savoir.