Trois amis de confessions différentes, Mohamed, musulman, Jésus, chrétien et David, juif, se proposent d'entreprendre un périple à travers les terres millénaires d'Al Andalus en Espagne. Un voyage dans la mémoire qui leur permettra de connaitre (de se re-connaitre) par le biais d'itinéraires, les lieux symboliques de l'Espagne musulmane. Un hymne à la tolérance, au respect d'autrui et au métissage des cultures. Il sait seulement qu'il les avait quittés vers onze heures du soir encore excités qu'ils étaient par les signes prometteurs de la longue nuit qui les attendait et des croissantes faveurs de leurs conquêtes. David veut, avant toute chose, prendre un café et ils s'attablent à la terrasse d'un bar à la Place du cabildo. Il fait très beau, le bleu parfait du ciel apaise les sens et ils ne sentent plus cette chaleur étouffante du climat de la côte. A l'époque de l'émirat et du califat, Arcos de la Frontera appartenait à la « Qura » de Medina Sidonia. La ville qui date de l'antiquité fut plusieurs fois détruite puis repeuplée. En 1086, elle hébergea la cavalerie du prince almoravide Yusef Ibn Tashfin qui avait accouru à la péninsule à l'aide du roi al Mutamid ibn Abbad de Séville pour faire face à la pression chrétienne et qui se rendra jusqu'aux plaines de Zallaqa. La ville tomba sous l'autorité almohade, de même que le reste d'al Andalus, pour être finalement conquise en 1250 par Ferdinand III. A la fin du XIIº siècle, sous l'émirat de Cordoue, Arcos prit partie pour le rebelle Omar Ibn Hafsun, chef du soulèvement provoqué par les muwalladûn (espagnols nés de père musulman et de mère chrétienne) et les mozarabes (espagnols chrétiens qui vivaient sur les terres d'al Andalus). En 1255, la capitulation de Jerez face aux chrétiens entraîna la soumission d'Arcos. Ses habitants musulmans, nommés mudéjares, y demeurèrent jusqu'en 1264, date à laquelle ils furent expulsés par Alphonse X après avoir étouffé un soulèvement de mudéjares commencé en 1262 avec l'appui du royaume nasride grenadin et repeuplant la ville avec des castillans. Les deux siècles suivants, Arcos de la Frontera constitua l'un des trois bastions essentiels des musulmans dans le secteur frontalier occidental avec le royaume de Grenade. David semble avoir repris ses esprits grâce au café ainsi que Jesús qui n'a pas été très loquace pendant tout le voyage. Mohamed essaie de les secouer un peu : - Alors, quoi ! on va rester comme ça toute la journée ? La jeunesse n'est plus ce qu'elle était ! Une petite soirée, on fait la fête et ça y est ! Ça pète plus du tout ! Il arrive à les faire sortir de leur léthargie et ils entreprennent de visiter la ville qui a gardé magnifiquement les saveurs d'al Andalus, avec ses coquettes maisons défiant le vide et ses grilles en fer forgé.