L'intervention de Kamel Rezag Bara, conseiller du Président Bouteflika pour les affaires de sécurité, à l‘occasion de la 2ème revue par l'ONU de la stratégie mondiale de lutte contre le terrorisme tenue du 7 au 9 septembre à New York et ciblant les pays payeurs de rançons aux terroristes de l'AQMI pour récupérer leurs otages, n'est pas restée sans effet. Le coup de semonce d'Alger autour du thème «la rançon comme moyen de financement du terrorisme», a fait réagir Madrid, qui a dépêché à Alger son secrétaire d'Etat chargé de l'Amérique latine, Juan Pablo De Laiglesia. L'Espagne, qui a versé 8 millions d'euros pour obtenir la libération de ses otages enlevés par AQMI, veut à travers la visite de son diplomate, montrer patte blanche vis-à-vis d'Alger. Prise en flagrant délit de financement indirect du terrorisme, Madrid va certainement tenter d'expliquer ou de «justifier» son geste qui n'est pas sans conséquences sur la situation sécuritaire dans la région du Sahel. En sa qualité de pays à l'origine de l'adoption d'une résolution onusienne criminalisant le payement de rançons dans les prises d'otages, l'Espagne doit -du moins moralement- des explications à Alger. Et c'est ce qu'elle semble vouloir faire présentement. Cela ne pouvait être autrement sachant que le dernier otage libéré sous rançon est précisément un espagnol. L'Espagne liée à l'Algérie par un traité d'amitié et de bon voisinage ne souhaite évidemment pas se mettre à dos un voisin aussi précieux. Alger, de son côté, ne souhaite pas dramatiser l'affaire. Le communiqué des A.E souligne en effet que cette visite s'inscrit dans le cadre des «consultations politiques régulières instituées entre les deux pays par le Traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération signé en octobre 2002». Face à M. De Laiglesia , il y aura l'homme qui gère depuis des années le dossier d'Al Qaida au Sahel en l'occurrence M. Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines. C'est à lui que l'émissaire espagnol devra donc donner des explications sur la dernière rançon et non pas palabrer sur «les relations bilatérales, ainsi que sur les questions politiques internationales et régionales d'intérêt commun». Il s'agira de lever les malentendus. En effet alors que l'Algérie se bat militairement et diplomatiques contre Al Qaida, des pays européens à l'image de la France et maintenant l'Espagne, négocient en sous main avec AQMI. Rezag Bara a révélé qu'Al Qaïda a récolté plus de 50 millions d'euros venant des rançons des otages occidentaux enlevés dans la région du Sahel auxquels s'y ajoute un montant de 100 millions d'euros sous diverses formes. Il avancera suivant les recoupements faits auprès des terroristes repentis, que le tarif de la libération d'un seul otage avoisine les 5 millions d'euros. Ce genre de révélations n'est pas de nature à plaire aux autorités espagnoles prises la main dans le sac. Il avait alors appelé à la mise en place de procédures de rappel à l'ordre contre les Etats qui ne respecteraient pas leurs engagements.