L'assassinat de la jeune Sarah Khatib, 15 ans, dans un hôtel de la Mecque ne pouvait laisser indifférent le gouvernement algérien qui s'implique dans ce très grave évènement survenu au cœur même des Lieux Saints de l'Islam. La mort de la jeune Sarah, dont la famille est originaire de Aïn Tallout dans la wilaya de Tlemcen, est-elle appelée à devenir une «affaire d'Etat»? En effet, le gouvernement algérien a usé d'un ton aussi ferme qu'inhabituel à l'adresse des autorités saoudiennes. Il a agit de la même manière à l'adresse des pèlerins algériens qui se trouvent en Arabie Saoudite, ce qui laisse supposer que le dossier est pris en charge à haut niveau dans les deux pays. Halim Benattah, le nouveau secrétaire d'Etat chargé de la Communauté nationale à l'étranger, «suit avec un grand intérêt et en permanence les suites de l'assassinat d'une jeune algérienne à la Mecque », ont annoncé vendredi passé les services de son département ministériel, à l'agence de presse APS. «M. Benatallah a instruit le consul général d'Algérie à Djeddah de procéder, auprès des autorités saoudiennes, à toutes les démarches nécessaires afin d'élucider, dans les plus brefs délais, les circonstances de cet assassinat», précise la même source. Le secrétaire d'Etat «appelle, en outre, l'ensemble des Algériens en Arabie Saoudite à garder leur calme» et réitère «l'engagement ferme» du gouvernement à ne ménager aucun effort pour assurer la protection des ressortissants algériens, là où ils se trouvent. Cette attitude de la part des officiels algériens, qui n'ont pas trop l'habitude de s'impliquer quand un Algérien est malmené, sous d'autres cieux, est plutôt réjouissante. Il est vrai que la nature du délit et les circonstances qui ont entouré cet assassinat, dans un lieu aussi sacré, sont des arguments qui militent en faveur d'une prise de position des autorités algériennes. Pour leur part, les autorités saoudiennes -conscientes de la gravité des faits- ont mis leurs fins limiers sur l'affaire, une enquête facilitée, il est vrai, par le fait que la famille Khatib avait élu domicile dans un hôtel comportant tout le matériel de surveillance qui permet d'identifier rapidement les agresseurs. Habitués à la contestation, de par le vent de démocratie qui a soufflé sur le pays ces dernières décennies, les pèlerins algériens ont été rappelés à l'ordre par le Consul général d'Algérie qui leur a signifié qu'il ne devait pas se substituer à la Justice. Désirant calmer le jeu, les autorités saoudiennes se sont empressées d'annoncer par la voix du porte-parole de la police de la Mecque, le commandant Abdel Mohsen al-Mayman, que «quatre employés de l'hôtel, originaires du Yémen et du Bangladesh, ont été appréhendés et sont interrogés». Selon notre confrère DNA, Sarah Khatib, qui résidait en France où elle était scolarisée dans un lycée, est partie avec son père adoptif Boumediène et sa famille Khatib pour effectuer le rituel de la Omra en terres saintes de l'Islam. Son corps sans vie a été retrouvé, mardi 14 septembre, sur le toit d'un hôtel mitoyen à celui dans lequel elle résidait avec sa famille. Le vrai père de la défunte est Mohamed Benouis et vit toujours à Tlemcen. Selon une partie de la presse saoudienne, la jeune fille essayait d'échapper à une tentative de viol et serait tombée du balcon ou de la terrasse de son hôtel. Selon la presse algérienne, elle a été violée puis tuée avant d'être jetée du 16e étage de l'hôtel où elle séjournait.