L'évasion fiscale est une réalité qui n'échappe à personne dans notre pays. Elle s'est chiffrée en milliards de dinars ces deux dernières années, soit l'équivalent de 1,6 milliard de dollars. Vente sans facturation, falsification des registres de commerce, paiement en cash, fausses déclarations fiscales, et activités liées au commerce parallèle sont autant d'éléments qui illustrent le fléau qui coûte cher au trésor public. L'évasion fiscale connaît une ampleur particulière en Algérie. Face à ces multitudes de pratiques économiques malsaines, les services des impôts ne savent plus où donner de la tête. Entre 2009 et le semestre de l'année 2010, l'évasion fiscale s'élevait exactement à 119,2 milliards de dinars, a indiqué jeudi Karim Djoudi, le ministre des Finances, lors de la séance questions orales du Conseil de la Nation. Ainsi la fraude et les crimes économiques préoccupent les parlementaires et les pouvoirs publics semblent prendre toute la mesure de la situation en réagissant à travers des mesures idoines. Dans ses réponses, le ministre a tenu précisé que le montant en question a été recouvré à la faveur de 2.981 opérations de contrôle fiscal réalisées durant la même période dont 2.463 contrôles des comptes des entreprises. En 2009, la Direction général des impôts (DGI), rattaché au département des Finances, a déposé 1.181 plaintes, ajoute le ministre. La fraude fiscale est partout. Elle est tellement présente dans les rouages économiques que cela donne souvent du tournis pour les agents fiscaux. Rien que pour les opérations de commerce extérieur, la DGI a répertorié 11.000 contrevenants en 2009 inscrits sur une liste nationale comportant 29.000 opérateurs interdits d'effectuer les procédures de domiciliation bancaire et d'exercer dans le commerce extérieur, précise le premier argentier du pays. Entre 2006 à 2008, plus de 169 milliards DA (environ 2,3 milliards de dollars) ont fait l'objet d'évasion fiscale, a rappelé le ministre. Exerçant sous la pression fiscale, nombre de chefs d'entreprises trouvent toujours moyen de déjouer les mailles du fisc. Outre l'allègement et la simplification du système fiscal, le ministre cite la poursuite des contrevenants à travers l'obligation de déclarer leurs comptes, le retrait et l'annulation des avantages fiscaux en cas de fraude, l'instauration d'amandes financières allant jusqu'à 3 millions DA et une peine d'emprisonnement pouvant aller jusqu'à 7 ans. Le paiement au forfait instauré quelques mois visent à assainir le milieu des entreprises, notamment celle agissant dans le secteur du bâtiment. Ces dernières paient rarement leurs taxes sur la valeur ajoutée, en usant de subterfuges que les agents fiscaux démontent un par un. Les pouvoirs publics ne comptent pas en rester là puisque des mesures visant à éradiquer le phénomène sont en voie d'être promulguées.