S'il est une mode qui semble faire recette, c'est celle qui consiste à classer les pays en champions de la démocratie, du bien-être, de la liberté d'expression et autres droits de l'Homme. Le dernier en date concerne la gouvernance et est établi par l'Indice Ibrahim 2010, publié par la Fondation Mo Ibrahim, une organisation qui se dit engagée à soutenir la bonne gouvernance. Ironie du sort, Mo Ibrahim est un homme d'affaires britannique, d'origine soudanaise, qui avait revendu en 2005, Celtel, une société de téléphonie mobile, avant de créer une année plus tard sa fondation, implantée à Londres, alors que son pays d'origine, le Soudan, n'est pas, à proprement parler, un modèle de gouvernance. Toujours est-il que selon les résultats publiés par la Fondation, l'Algérie obtient un score de 53 points pour la qualité de la gouvernance en 2008-2009 et se classe 19ème sur les 53 pays du continent africain. L'Indice Ibrahim mesure la fourniture des biens et services publics aux citoyens par les gouvernements et acteurs non étatiques, à travers 88 indicateurs. A ce titre, l'Algérie se situe à une place qui ne reflète pas les performances de gouvernance que chantent des officiels, ce qui ne signifie pas forcément que ces derniers ont tort car, très souvent, ce genre de sondage et classement sont destinés à être manipulés pour exercer des pressions sur des Etats et gouvernements par des officines qui tirent les ficelles et manipules ONG et fondations de ce type. Ainsi, notre pays est classé 27e dans la catégorie Sécurité, 37e dans la catégorie participation et Droits de l'Homme, 30e en terme de souveraineté du Droit, 29e pour l'indice de recevabilité et de corruption, 38e en terme de sécurité nationale, 40e en terme de participation et 31e pour l'indice des droits, selon l'Indice Ibrahim 2010. Dans la catégorie Environnement et secteur agricole, l'Algérie est logée à la 22e place. Satisfaction, L'Algérie se hisse à la 7è position pour la catégorie Gestion publique, à la 9e pour ce qui est du développement humain et à la 11e, pour la qualité de l'infrastructure. La fondation Mo Ibrahim indique que «l'Algérie réalise un score à peine inférieur à la moyenne régionale de l'Afrique du Nord qui est de 54» et un « score supérieure à la moyenne du contient africain qui est de 49». En Afrique du Nord, et sur les six pays de cette région, l'Algérie arrive en 4e position pour la gouvernance africaine. Classée au 8e rang africain, la Tunisie est le pays le plus performant de la région avec un score de 65,8 points pour la qualité globale de la gouvernance et dans la catégorie «développement économique durable». Avec 58,99 points, l'Egypte arrive à la 10e place, suivie du Maroc (55,8 points, 14e rang africain). Pour sa part, la Mauritanie, avec 43, 7 points, est le pays le moins performant dans la région (38e rang africain) dans trois des quatre catégories de l'indice Ibrahim, et par conséquence, pour la qualité globale de la gouvernance. Sur le plan continental, l'Ile Maurice obtient le score global le plus élevé dans cette évaluation de la gouvernance en Afrique, suivi des Seychelles, du Botswana, du Cap-Vert et de l'Afrique du Sud, selon la Fondation Mo. La Somalie reste en queue de classement, précédée du Tchad (52e), de la République démocratique du Congo (51e), du Zimbabwe (50e) et de l'Erythrée (49e). Par ailleurs, la Fondation Mo Ibrahim relève que les performances de la gouvernance en Afrique s'améliorent dans les domaines du développement économique et du développement humain, mais souffrent d'un recul démocratique. «De nombreux citoyens africains sont en meilleure santé et bénéficient mieux du développement économique qu'il y a cinq ans, mais un grand nombre d'entre eux vit dans un environnement moins sûr et ont vu leurs droits politiques s'affaiblir», commente le fondateur et Président de la Fondation.