Depuis le déclenchement de ce qui est convenu d'appeler «l'affaire Djezzy», l'homme d'affaires égyptien, Naguib Sawiris, patron d'OTH et de sa filiale algérienne OTA, défie le gouvernement algérien, le mettant dans des situations réellement inconfortables. L'Egyptien affiche clairement ses intentions, tirer un maximum de profits de la vente de Djezzy, une entreprise qui s'est construite avec l'argent des Algériens. Par quel tour de passe-passe Djezzy est-elle devenue, en quelques années, un géant que tout le monde s'arrache? Hocine Malti, l'ex vice-président de Sonatrach (de 1972 à 1975) répond à la question. Dans «Histoire secrète du pétrole algérien», un best-seller paru à l'étranger, l'auteur y consacre tout un chapitre à la formidable ascension d'un homme gâté par la providence. «…Le coup de génie de Naguib Sawiris a été de choisir l'homme qu'il fallait pour le poste de DG de la filiale algérienne d'OTH, Orascom Telecom Algérie (OTA), lors de son installation en Algérie fin 1999. Au cours des années 1980 et 1990, cet homme, Mohamed Shorafa, Palestinien d'origine, avait été directeur du protocole et chef de cabinet du cheikh Zayed Ibn Sultan Al-Nahyane, émir d'Abou Dhabi et président de la Fédération des Emirats Unis. La société égyptienne a pu ainsi démarrer ses activités en Algérie avec une mise de départ modeste et des prêts consentis à des conditions très avantageuses par des banques algériennes. Grâce à ce traitement de faveur, OTA est parvenue à créer en Algérie un réseau de téléphonie mobile géré à partir de 2001 sous la marque Djezzy, qui deviendra très vite le premier du pays par le nombre d'abonnés et, dix ans plus tard, des investisseurs étrangers, français notamment, se bousculent pour la racheter pour plusieurs milliards de dollars. Poussant son avantage, OTH a également réussi deux belles opérations dans des secteurs entièrement nouveaux pour elle. La première, le rachat de deux entreprises publiques de cimenteries, a fait beaucoup jaser compte tenu des conditions dans lesquelles elle s'est déroulée. Début 2007, après avoir rejeté une offre du cimentier français Lafarge, le gouvernement algérien décidait de céder ces sociétés, pour un montant inférieur à celui proposé par le gouvernement français, à Orascom Construction Industries (OCI), une filiale d'OTH. En décembre de la même année, OCI les revendait à Lafarge, dans le cadre d'une opération de partenariat plus global. L'opération a rapporté 2 milliards de bénéfice à Sawaris pour un investissement de 700.000 dollars, sans que l'Algérie n'y gagnât quoi que ce soit. En mars 2007, OCI a passé un accord d'association avec Sonatrach pour la réalisation et l'exploitation d'un complexe d'ammoniac et d'urée implanté à Arzew. Les deux entreprises ont crée à cet effet deux filiales, dont les actions étaient détenues à concurrence de 49% par la Sonatrach et 51% par OCI: Sorfert Algérie, destinée à construire et à gérer le complexe, et Sorfert Marketing, dont l'objet était de commercialiser et d'exporter les produits finis. Le problème est qu'Orascom n'avait rien à mettre dans la corbeille de mariage: ni une expérience en matière de pétrochimie ni des capitaux à investir dans le projet. Dès le lendemain de la signature. La suite est connue. Sawaris prend son argent en impliquant deux géants planétaires, les Russes et les Américains.