Depuis la notification du premier redressement fiscal d'environ 600 millions de dollars, en juillet 2009, les autorités algériennes ont décidé de mettre sous étroite surveillance la gestion de Djezzy, particulièrement ses transactions financières. La Banque d'Algérie a, ainsi et dès avril 2010, interdit aux responsables de cet opérateur le transfert de ses dividendes vers l'étranger. Véritable machine à sous, Djezzy génère des centaines de millions de dollars par an de bénéfices. Les services des douanes scrutent également à la loupe les opérations d'importations engagées par les dirigeants de Djezzy. Début octobre passé, le PDG de Djezzy, Thamer El Mahdi, avait été entendu par la police dans le dans le cadre d'une plainte déposée par la Banque d'Algérie alors que le fisc algérien s'apprête à réclamer 230 millions de dollars supplémentaires pour des arriérés d'impôts non payés. Devant cette situation, l'opérateur croyait bon de recourir au transfert illégal via le marché parallèle, c'était, compter, sans la vigilance de la police algérienne. Cette dernière a mené une enquête, dont les premiers éléments ont été révélés récemment par le quotidien arabophone Waqt El Djazaïr, fait état de 4 milliards de dinars (54,2 millions de dollars) transférés chaque mois vers des comptes à l'étranger. Des responsables de Djezzy, premier opérateur de téléphonie mobile en Algérie, sont impliqués dans diverses opérations de transfert de devises vers l'étranger via des circuits parallèles. La récente arrestation de plusieurs personnes spécialisées dans ce «commerce» de la devise a dévoilé le pot aux roses. L'information n'a, pour l'instant, pas été démentie par l'opérateur. Le quotidien arabophone a indiqué qu'après une série d'enquêtes des services de sécurité en charge de cette affaire laissent croire que des responsables de la société de téléphonie achetaient de grosses sommes d'argent auprès de plusieurs gros barrons spécialisés dans le change parallèle, ayant pignon sur rue sur une grande place d'Alger. Le transfert de devises, de banque en banque, étant sévèrement contrôlé en Algérie, ils font appel aux intermédiaires de ces cambistes activant au vu et au su des autorités. Ils pouvaient ainsi procéder à des transactions financières au marché parallèle où l'euro s'échange à plus de 120 dinars. Les gros barrons, intermédiaires et responsables de Djezzy se donnent par la suite rendez-vous à l'étranger pour conclure le deal. Le dinar reste en Algérie, la contrepartie est versée aux dirigeants de l'opérateur en devises à l'étranger. L'entreprise échangeait moyennement une valeur de 1 milliard de dinars par semaine, soit 4 milliard par mois, ajoute une source proche du dossier citée par le journal, ce qui donne l'équivalent de 35 millions de dollars par mois transférés à l'étranger. Plus précise, Waqt Al Djazair indique que l'opérateur usait de surfacturation des achats de matériel de maintenance et autres installations. Des enquêtes ont révélé que des équipements importés par cette entreprise n'étaient pas conformes aux factures présentées, tant au niveau de la qualité que de la quantité. Cependant l'enquête ne dit pas si le recours au change parallèle intervient depuis l'éclatement de la crise en novembre 2009, entre le gouvernement algérien et Orascom, ou si le procédé date depuis des? Une chose parait, pour le moins certaine: le gel de la domiciliation des factures de transferts de devises étant effectif depuis avril 2010, le recours aux barrons du change parallèle a dû fonctionner à plein régime au cours du printemps et de l'été avant d'être découvert.