L'Algérie a gagné 8 places au classement annuel de la liberté de la presse dans le monde. en 2009, elle émargeait à la 141ème place sur les 178 que compte ce classement mondial établi par Reporters sans frontières (RSF), et rendu public mercredi passé. Cette année l'Algérie occupe la 133e. Cette «performance» n'est pas due à l'amélioration de la liberté de la presse dans le pays mais plutôt à la diminution du nombre de procès intentés aux journalistes et aux journaux. «Le cadre général de la presse en Algérie n'a absolument pas changé», a relativisé Soazig Dollet. Entre 2008 et 2009, l'Algérie a chuté de 20 places. Une tendance à une amélioration constante. RSF se base sur de nombreux critères pour élaborer son rapport annuel sur l'état de la presse dans le monde. Le libre exercice de la profession dans les différents médias (télés, journaux, radios), la distribution, le monopole de l'Etat ou non sur les médias, le nombre de journaux indépendants, les titres censurés, les journalistes censurés, emprisonnés ou tués, le monopole ou non de la publicité, et la multiplication des procès faits aux journaux et aux journalistes sont autant de critères que RSF examine avant de rendre son verdict sur l'état de santé de la liberté de la presse dans un pays. L'année dernière une délégation de RSF a séjourné en Algérie pour faire son constat de l'état de la presse. «Nous nous sommes essentiellement focalisés sur la presse écrite. Nous avons constaté que les difficultés dans l'exercice du journalisme sont multiples en dépit de la multiplication du nombre de titres dans les kiosques. Cette diversité dans le paysage médiatique n'est pas synonyme d'une grande liberté de la presse. Nous avons noté les difficultés des journalistes et des journaux de pouvoir parler de tous les sujets. Il y a encore des pressions politico financières qui s'exercent sur les titres et les rédacteurs. Les journalistes nous ont fait part des coups de téléphone de responsables dans les rédactions. Nous avons également constaté un boycott publicitaire organisé autour de la publicité d'Etat et même de la publicité privée sur certains titres», commente-t-on dans le même rapport qui relève toutefois que «l'Algérie semble aller vers un changement par rapport aux années 1990 durant lesquelles de nombreux journaux étaient concentrés autour de la maison de la presse. Aujourd'hui, certains titres ont acquis leurs propres sièges et leurs propres rotatives. D'autres sont en train de faire des démarches dans ce sens». Dans les années 1990, RSF n'avait pas bonne presse en Algérie et de nombreux journaux et journalistes n'hésitaient pas à se plaindre des positions prises par Robert Ménard à l'époque président de RSF. Ce n'est présentement pas le cas. Pour la première fois, en effet, une délégation de RSF a pu se rendre en Algérie en octobre 2009. «Nous avons obtenu facilement nos visas et nous avons pu nous entretenir autant avec les autorités qu'avec des journalistes et des patrons de presse» a-t-on expliqué mettant en exergue tout l'important pour RSF de renouer le contact direct avec l'Algérie. «Au cours de notre séjour, nous avons reçu de nombreuses critiques de la part des Algériens sur la manière dont RSF a rendu compte de la presse et de la liberté de la presse en Algérie» a indiqué Soazig Dollet qui conclut en affirmant qu'«il y a une nouvelle page qui s'est ouverte aujourd'hui et nous espérons maintenir une bonne collaboration aussi bien avec les professionnels qu'avec les autorités»