Lors de la présentation du rapport sur la situation financière du pays, par le gouverneur de la Banque d'Algérie Mohamed Laksaci, un jour avant que le Premier ne fasse sa déclaration de politique générale à l'APN, les députés ont saisi l'occasion pour crier leur colère au patron de la banque des banques. «Retirez-nous ces billets de la honte», ont crié les députés, interpellant le gouverneur de la Banque d'Algérie concernant le piteux état des billets de 200 dinars. Surmontant leurs divergences politiques, les députés étaient unanimes dans leur attitude contre le responsable de la première institution financière du pays. En effet, qu'ils appartiennent à l'Alliance présidentielle ou à l'opposition, les élus du peuple ont dénoncé avec force l'état critique des billets de 200 dinars, qu'ils ont décrits avec des qualificatifs peu élogieux. «C'est scandaleux!», «c'est inadmissible!», «c'est une honte pour l'image du pays!», ont-ils dénoncé, arguant que cet état de fait porte préjudice à l'image de l'Algérie. Durant les débats, le sujet a continué à focaliser l'attention des députés et nombreux étaient ceux qui n'ont pas hésité à afficher des billets de 200 dinars chiffonnés, comme des preuves. Ce n'est pas la première fois que ce problème est posé. Les députés de l'APN se sont interrogés où en était l'opération de renouvellement. Ces derniers étaient irrités par cette situation qui perdure depuis plus de deux ans, et ont axé leurs remarques sur la qualité des billets et le manque de liquidités. Le gouvernement a répondu que l'opération du renouvellement des billets de banque se fait progressivement tout en soutenant que le marché parallèle absorbe la majeure partie des liquidités. Par ailleurs, le marché parallèle de la devise a été l'autre sujet soulevé par de nombreux députés. «C'est scandaleux qu'un marché noir de la devise prospère sous les yeux des institutions de l'Etat», a dit le député du MSP, Issad Ahmed. Un autre député du FLN, Fadla Abdelkader, est revenu sur ce sujet pour expliquer que ce marché est la source de tous les maux! Corruption, blanchiment d'argent et drogue… «Il est temps de mettre fin à cette anarchie», a-t-il dénoncé vigoureusement. Revenant sur le contenu du rapport annuel de la Banque d'Algérie, les députés qui affirment n'avoir reçu le rapport que deux jours avant la présentation ont relevé des contradictions flagrantes. Cette situation n'a pas empêché certains députés de relever les contradictions sur le taux de croissance. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a informé les élus que le taux de croissance hors hydrocarbures est de 9,3%, alors que le ministre des Finances l'avait estimé à 6%. «Qui dit vrai?» s'est interrogé le député d'El Islah, Filalli Ghouini, en notant cette contradiction qu'il a qualifiée de très grave. «Il y a un écart de 3,3%», a-t-il déploré. Ce n'est pas la seule contradiction. MM.Djoudi et Laksaci n'ont pas les mêmes chiffres sur l'inflation. Alors que le gouverneur de la Banque d'Algérie a estimé l'inflation à 5,4%, le ministre l'avait évaluée à 4%. Ces contradictions qui émanent de deux grandes institutions extrêmement liées donnent à réfléchir sur la crédibilité des statistiques.