Trois amis de confessions différentes, Mohamed, musulman, Jésus, chrétien et David, juif, se proposent d'entreprendre un périple à travers les terres millénaires d'Al Andalus en Espagne. Un voyage dans la mémoire qui leur permettra de connaître (de se re-connaître) par le biais d'itinéraires, les lieux symboliques de l'Espagne musulmane. Un hymne à la tolérance, au respect d'autrui et au métissage des cultures. On s'apitoie sur le sort des arabes, souvent on les plaint même. On pense qu'on arrive un peu comme le sauveur, le messie... Pourquoi, par exemple, ne pas inclure, d'une façon systématique et raisonnée, dans les colloques et les rencontres, les intellectuels, forces vives de la pensée arabe ? Discourir sur l'autre, débattre, établir une réflexion à propos de théories sur l'orient, l'autre rive, ou la vision de l'autre, sans la présence, l'opinion, la vision ou l'échange culturel avec cet « autre » me paraît une aberration et un non-sens qui peuvent seulement aboutir à transformer tout dialogue en monologue. Lorsqu'il termine. Mohamed sent qu'il a jeté comme un froid dans l'assistance. David et Jesús, qui le connaissent lui font un regard complice, Hamid, lui lance tout bas, en arabe : - A wili, et bien mon vieux, tu ne les as pas ménagés… Baez baragouine quelque chose sous son nez (Mohamed sent que ça n'a pas dû lui faire plaisir et qu'il s'est peut-être senti visé) et demande un autre whisky… Le reste du repas se fait interminable comme tous les repas andalous. Les digestifs se multiplient et Mohamed préfère donner rendez-vous à ses amis en fin d'après-midi. Il prend congé de ses hôtes non sans avoir pris les coordonnées de Hamid qui souhaite le revoir en d'autres circonstances. Nos amis décident de se retrouver vers dix huit heures à la Place du Campo del Triunfo. David arrive le premier et se promène dans les jardins de la place en attendant ses amis. Il aperçoit non loin d'ici la monumentale Porte d'Elvira où la ville basse médiévale s'ouvrait sur le vaste cimetière de Saab ibn Malik qui occupe justement de nos jours ce qu'on connaît comme le Campo del Triunfo ou les Jardins del Triunfo. Alors qu'il admire l'imposante fontaine qui trône au milieu, David a du mal à imaginer que sous ses pieds se trouvait un cimetière et que sûrement encore aujourd'hui des ossements gisent à quelques mètres en dessous.