Trois amis de confessions différentes, Mohamed, musulman, Jésus, chrétien et David, juif, se proposent d'entreprendre un périple à travers les terres millénaires d'Al Andalus en Espagne. Un voyage dans la mémoire qui leur permettra de connaître (de se re-connaître) par le biais d'itinéraires, les lieux symboliques de l'Espagne musulmane. Un hymne à la tolérance, au respect d'autrui et au métissage des cultures. Après la retraite du roi castillan, en 1157, la ville tomba aux mains d'Ibn Hamushk, mais elle lui fut arrachée par les Almohades en 1165 qui s'en serviront comme centre d'opérations contre le territoire andalou jusqu'à leur victoire en 1269. L'année suivante, la région fut agitée par des tremblements de terre qui, selon Ibn Sahib al Salat « durèrent plusieurs jours à Andujar, jusqu'à ce que la ville disparaisse, comme avalée par la terre ». Ce qui laisse penser que les murailles, qui se sont conservées jusqu'à une époque récente, étaient presque totalement almohades ou, tout au moins, reconstruites à ce moment. La pluie s'est arrêtée de tomber mais il fait toujours aussi lourd. Nos amis arrêtent la voiture pratiquement au centre du village qui est presque désert. En fait de vestiges arabes, Andujar n'arbore plus que les ruines de ses imposants remparts flanqués de 48 tours qui la protégèrent. Par contre le village conserve encore un bel ensemble d'architecture religieuse et civile de la Renaissance et du Baroque. Ils pénètrent dans l'église de Santa María de style baroque classique mais avec une tour mudéjare. A l'intérieur, ils peuvent admirer une toile intéressante du peintre El Greco, la prière dans le potager. A la sortie de l'église nos amis décident d'aller se rafraîchir. Non loin de l'église ils s'assoient à la terrasse d'un café sur la place et commandent à boire. Alors qu'il sirote son jus d'orange, Mohamed fait part à ses amis et surtout à David ses réflexions : - C'est quand même assez étonnant ; cela fait des jours qu'on parcourt les territoires d'al Andalus et en fin de compte, il ne reste très peu, pour ne pas dire rien du passage des juifs dans ces régions… - Cela n'a rien d'étonnant car les juifs n'ont pas été des bâtisseurs : ils ont joué un grand rôle au niveau des finances, comme toujours d'ailleurs, en tant que conseillers des émirs. Et le meilleur exemple est, par exemple, celui de Hasdaï Ibn Shaprut, protecteur de la communauté juive, chercheur, diplomate et conseiller de Abd al Rahman. C'est vraiment le symbole d'un siècle où les valeurs de tolérance et de respect de l'Autre l'emportaient sur les valeurs identitaires et où coexistaient en harmonie les trois religions du Livre ; bref ce que l'on parfois appelé « l'esprit de Cordoue » qui a prédominé jusqu'à une certaine époque.