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Sur les traces de la civilisation hispano-musulmane
Al Andalus, voyages dans la mémoire *
Publié dans La Voix de l'Oranie le 28 - 10 - 2010

Trois amis de confessions différentes, Mohamed, musulman, Jésus, chrétien et David, juif, se proposent d'entreprendre un périple à travers les terres millénaires d'Al Andalus en Espagne. Un voyage dans la mémoire qui leur permettra de connaître (de se re-connaître) par le biais d'itinéraires, les lieux symboliques de l'Espagne musulmane. Un hymne à la tolérance, au respect d'autrui et au métissage des cultures.
D'ailleurs encore aujourd'hui la légende raconte que des familles de T- Oui, mais, intervient Jesús, malgré cela, on ne sent pas une atmosphère, un climat, une ambiance qui nous fait penser à l'apport juif, tu comprends.
- En fait, les juifs formaient une communauté plutôt urbaine. Ils vivaient dans ce que l'on appelait les juderías, des quartiers qu'ils occupaient, séparés des chrétiens, et qui souvent constituaient une véritable municipalité dans la municipalité. Ils avaient leur propre organisation judiciaire, indépendante de la catholique. Comme je vous l'ai déjà dit, certains juifs occupaient des postes de grande responsabilité dans l'administration et au gouvernement vue leur formation intellectuelle et leur adresse dans le maniement de l'argent : les prêts et l'usure. Les classes sociales les plus basses étaient formées par les petits artisans et les commerçants. Mais les jalousies que provoquaient leur richesse ainsi que la haine populaire, ajoutées à l'intransigeance religieuse, firent qu'au XIVº siècle certains quartiers juifs furent attaqués et disparurent. Vers la fin du même siècle, ils furent obligés de se convertir au christianisme, ce sera les conversos, ce qui entraînera la décadence des juderías. En 1492, la tolérance disparut définitivement lorsque les Rois Catholiques décrètent la conversion ou l'expulsion des juifs. Ceux qui quittent l'Espagne émigrent au Portugal, au Maghreb, en Turquie, et même aux Balkans et en Italie. On estime à plus de 150.000 le nombre des juifs qui abandonnent l'Espagne à cette époque.
- Et un peu plus tard, ajoute Mohamed, ce sera le tour des moriscos, les musulmans qui restèrent en Espagne après la chute de Granada, le dernier royaume musulman. Malgré les promesses antérieures, les musulmans qui conservèrent leur langue, religion et coutumes et de par les nombreux problèmes et soulèvements successifs, Felipe III ordonne leur expulsion définitive en 1609. Plus de 300.000 abandonnent le pays et s'installent définitivement au Maghreb lemcen ou de Fès gardent toujours précieusement et jalousement, dans des écrins de velours les clés de leur demeure qu'ils ont quittée précipitamment lors de leur expulsion ; et des noms de famille ou des prénoms comme Kortebi ou Benkartaba (de la prononciation arabe de Cordoue, Kortoba) sont encore utilisés de nos jours en Algérie.


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