Trois amis de confessions différentes, Mohamed, musulman, Jésus, chrétien et David, juif, se proposent d'entreprendre un périple à travers les terres millénaires d'Al Andalus en Espagne. Un voyage dans la mémoire qui leur permettra de connaître (de se re-connaître) par le biais d'itinéraires, les lieux symboliques de l'Espagne musulmane. Un hymne à la tolérance, au respect d'autrui et au métissage des cultures. - Marhaba, marhaba, bienvenus, hada nhar kbir, c'est aujourd'hui un grand jour… Il avait, comme tous les marocains, le sens de l'hospitalité, le bagout des commerçants et l'art de vous mettre à l'aise. - Qu'est ce que je vous sers ? Sans même leur laisser le temps de lui répondre, il ajoute : - Attendez, laissez-moi vous étonner, s'il vous plait, je viens de créer un thé que j'ai appelé aromas de la Alhambra qui est un mélange subtil élaboré à partie de plusieurs arômes de menthe, thé, eau de fleur d'oranger, cardamome, miel et d'autres ingrédients que je préfère garder secret… Vous m'en direz des nouvelles. Otman aimait bien inventer des thés qu'il proposait à ses clients. Il avait bien près d'une centaine de thés dans sa carte et chacun au nom exotique et évocateur : thé Boabdil, le thé Abd al Rahman, thé García Lorca, thé Al Mutamid, celui du Patio de los leones, etc. Khalid vient de terminer son tour de chant et vient les saluer : - As salam aleikum, alors, les amis ça va ? C'était un bonhomme toujours jovial, avec un éternel sourire aux lèvres. Petit et légèrement grassouillet, avec sa petite barbichette il faisait penser au calife des bandes dessinées du célèbre Iznogud. Mohamed l'invite à prendre un thé avec eux. - Je ramène un verre et j'arrive. Alors que David lui sert son verre, Jesús l'interroge sur le morceau qu'ils viennent d'écouter : - Il s'agit d'une fusion entre un muwaxxah assez ancien et classique et un morceau moderne du flamenco espagnol. Tu sais, j'ai toujours aimé cette espèce de mélange entre les genres. J'ai pris donc des accords modernes de guitare sèche que j'essaie de jouer avec mon luth et de fusionner avec les harmonies traditionnelles ancestrales. Je crois qu'il s'agit là d'un syncrétisme assez intéressant, non ? Le thé est réellement d'un goût exquis, même si Mohamed le trouve légèrement trop sucré. Alors que la nuit étend son manteau sur la ville, la salle se remplit de plus en plus. Khalid a repris du service devant les nombreux touristes tout à l'écoute des accords orientaux de son luth. Dans le brouhaha de la salle, c'est vraiment la tour de Babel et on distingue des conversations aux consonances germaniques, françaises, anglaises et même catalanes car juste à côté de nos amis trois clients partagent une table et discutent dans cette langue.