Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a décidé de maintenir sa marche de protestation, annoncée à Alger pour samedi prochain. Bien que le ministre de l'Intérieur ait refusé de l'autoriser, conformément aux textes régissant l'état d'urgence en vigueur depuis 1992, le RCD veut braver l'interdit. Ces derniers jours, les préparatifs s'accélèrent. Le parti de Saïd Sadi veut mobiliser le maximum de participants auxquels il a fait appel. Dans la région du centre, où le RCD est présent plus ou moins en force, les militants redoublent d'effort pour sensibiliser les citoyens au rendez-vous de samedi prochain. Depuis l'annonce de cette marche qui vient se greffer au mouvement de protestation du début du mois, un nouveau bras de fer oppose le RCD au ministère de l'Intérieur. Le RCD ne veut rien savoir du niet catégorique de Dahou Ould Kablia concernant l'autorisation de la tenue de cette marche populaire qui s'ébranlera, rappelons-le, de la place du 1er mai pour atteindre le siège de l'APN afin d'exiger, entre autres, la libération de tous les prisonniers arrêtés lors des dernières manifestations, la levée immédiate de l'état d'urgence dont la seule fonction est d'étouffer la vie publique et de couvrir la corruption. La manifestation se veut également un moyen d'exiger l'ouverture du champ politique et médiatique et la restauration de toutes les libertés individuelles et collectives garanties par la Constitution, ainsi que la dissolution de toutes les institutions «élues». «Ces revendications constituent un consensus sur lequel peuvent se retrouver l'ensemble des Algériennes et Algériens adhérant au principe de l'Etat de droit et respectueux des valeurs de Novembre et de la Soummam», a indiqué le parti de Saïd Sadi dans un communiqué ayant sanctionné les travaux de son conseil national, samedi dernier. Hier, au siège régional d'Alger du RCD, l'activité était intense. Tous les murs sont placardés d'affiches appelant à une participation massive des citoyens à cette marche pour «la dignité, la justice et la liberté». En Kabylie, on ne jure que par la participation, du moins pour ce qui est des militants de ce parti. Confection de banderoles, réservation de bus, à quelques jours de la marche, on est tenté de croire à une participation massive dans cette région marquée par une effervescence qui n'a d'égale que celle des années 90 et durant les événements douloureux qu'avait vécus en 2001 la Kabylie. «Il faut mettre un terme à l'embargo imposé à la capitale sous prétexte de l'état d'urgence», estiment de nombreux militants qui affichent allègrement leurs dispositions à marcher avec tous ceux qui croient en la démocratie et aux réelles valeurs de la nation. Dans les campus universitaires, la même ambiance est à relever. Des personnalités connues sur la scène nationale sont annoncées comme partie prenante à cette manifestation de rue qui, si elle venait à être tolérée, ouvrira la voie à une nouvelle forme pacifique de lutte pour les libertés en général0.