L'ENIE de Sidi Bel-Abbès continue de manger son pain noir. Après avoir perdu des années dans des négociations sans fin avec un partenaire technologique et commercial qui ne semblait pas disposer à s'investir dans un projet mort-né dès le départ, l'entreprise leader de l'électronique en Algérie vient, une nouvelle fois, d'essuyer un superbe échec avec, cette fois-ci, un organisme public national, Sonelgaz en l'occurrence, avec lequel elle devait se concerter sur le choix du site d'implantation d'une usine de fabrication de modules photovoltaïques. Mais, pour des raisons que personne n'a pu encore s'expliquer à Sidi Bel-Abbès, les deux partenaires potentiels -Sonelgaz et ENIE- ne se seraient jamais rencontrés autour d'une table pour étudier ensemble le dossier. C'est à travers l'interview d'un expert international algérien, Hocine Bessaâd, paru dans le quotidien économique «Le Maghreb», que l'on a apprendra que ce sont les responsables de l'ENIE qui éviteraient, semble-t-il, «d'assister aux réunions avec Sonelgaz pour le choix du site pour la production de panneaux photovoltaïques.» Contacté par téléphone, le Directeur général de l'ENIE, Djamel Bekara, a vite fait de démentir catégoriquement de telles affirmations, tout en faisant observer «n'avoir reçu aucune invitation de la part de Sonelgaz pour discuter du projet en question ou décider du choix du futur site d'implantation de l'unité de fabrication de panneaux solaires…» «L'ENIE ne va quand même pas laisser lui échapper une telle opportunité, et de surcroît avec une entreprise publique nationale aussi prestigieuse que la Sonelgaz.» nous a-t-il confié alors, se montrant entièrement rassuré quant à une évolution positive du dossier en faveur de son entreprise. Mais la suite ne lui donnera pas raison puisque la Sonelgaz, chargée par le ministère de tutelle de la conduite du projet en partenariat avec l'ENIE, décidera, de manière unilatérale, du choix du site d'implantation de la future usine de panneaux solaires. Ce sera donc la société ‘Rouiba Eclairage' et non l'ENIE de Sidi Bel-Abbès qui bénéficiera de la réalisation de cet important projet dont l'investissement global de 100 millions de dollars est couvert, il est vrai, intégralement, par Sonelgaz. Annoncée à grand renfort médiatique, la création d'une «cellule de veille et d'intelligence économique» au sein de l'ENIE n'aura finalement pas servi à grand-chose. Hier dimanche, certains responsables se sont montrés très surpris de la tournure des évènements, persuadés que le choix de l'entreprise de Sidi Bel-Abbès était le mieux indiqué pour les décideurs centraux en ce sens qu' «elle dispose, plus que tout autre opérateur dans le domaine, d'un capital de savoir-faire et de ressources humaines et matérielles considérables». Avec ce surprenant lâchage de Sonelgaz, doit-elle de nouveau songer à reprendre en mains son ancien projet «ENIE Solar» de fabrication de panneaux solaires afin de préserver les postes d'emploi de son collectif réduits aujourd'hui à 1.200 travailleurs après le départ de plus de 5.000 d'entre-deux. C'est le moins que l'on puisse dire pour une telle opportunité industrielle et commerciale pour une entreprise-phare de l'industrie électronique qui ambitionnait depuis toujours d'assurer la vente exclusive de ses produits en Algérie et sur l'ensemble de la rive sud du Bassin méditerranéen. Mais l'incompétence qui s'érige en stratégie d'entreprises, en a décidé autrement.