Le ministre algérien de l'Intérieur Dahou Ould Kablia a rappelé qu'aucune marche ne sera autorisée par les autorités à Alger, dans un entretien dimanche au quotidien francophone Liberté. "Les marches sont interdites à Alger", a-t-il indiqué en assurant que cette mesure ne s'appliquait pas seulement aux manifestations de l'opposition mais à "toutes les marches". Le 22 janvier une marche du RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie, opposition) avait été empêchée par la police. "Si un parti de l'Alliance (présidentielle) envisage demain d'organiser une marche à Alger, je peux vous dire en tant que ministre de l'Intérieur, qu'elle sera interdite", a-t-il ajouté. L'Alliance présidentielle, au pouvoir en Algérie, comprend Le Front de libération nationale (FLN, conservateur), Le Rassemblement national démocratique (RND, libéral) du premier ministre Ahmed Ouyahia, et le Mouvement de la société pour la paix (MSP, islamiste). Une marche pour demander le "départ du système" est prévue le 12 février à Alger à l'appel de la toute nouvelle Coordination nationale pour le changement et la démocratie, qui regroupe des mouvements d'opposition et organisations de la société civile. Cette coordination est née le 21 janvier dans la foulée des émeutes du début janvier qui ont fait cinq morts et plus de 800 blessés. Le ministre a expliqué que l'interdiction des marches étaient justifiée par des raisons de sécurité. "Alger est une ville de trois millions d'habitants. Il y a des problèmes qui peuvent ne pas être pris en compte par les organisateurs des marches", a-t-il assuré. Les manifestations de rue sont interdites à Alger depuis le 14 juin 2001 quand une marche en faveur de la Kabylie avait tourné à l'émeute faisant huit morts et des centaines de blessés. Le ministre a notamment évoqué la possible intervention "d'éléments qui n'ont rien à voir avec l'objectif de la marche et qui sont là pour créer des troubles (...)". "Il y a toujours la problématique du terrorisme", a-t-il encore souligné. Depuis les attentats kamikazes qui avaient frappé Alger en avril et décembre 2007, d'importants renforts policiers sont déployés en permanence aux entrées de la capitale pour parer à une éventuelle attaque des groupes islamistes armés. Interrogé sur la levée de l'Etat d'urgence, en vigueur depuis février 1992, la ministre a indiqué qu'il "ne gêne nullement un certain nombre d'activités". Il "a été mis en place pour lutter contre le terrorisme. Ce fléau n'est pas tout à fait éradiqué", a-t-il précisé. A la question de savoir si l'Algérie redoutait que la révolte populaire qui a fait chuter le président tunisien Ben Ali se répète dans la région, M. Ould Kablia a répondu: "le rapprochement avec d'autres contextes n'est pas justifié" "Chez nous, il y a un développement (...) En milieu aussi bien urbain que rural, les projets de développement sont extrêmement importants. L'eau arrive partout. Tous les indicateurs sont positifs : l'école, l'habitat, le gaz, la scolarisation, la santé", a-t-il ajouté.