Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a rendu public, hier, un communiqué dans lequel il revient sur les faits ayant émaillé la manifestation du 22 janvier qu'il avait initiée ainsi que sur d'autres questions évoquées par le ministre de l'Intérieur dans notre édition d'hier. Voici l'intégralité du communiqué. “Dans un entretien accordé au journal Liberté, le ministre de l'Intérieur, citant nominativement le RCD, s'est laissé aller à de nombreuses contrevérités qui appellent les remarques suivantes. 1- M. Daho Ould Kablia déclare : “Quand le président du RCD dit lui-même qu'il a échoué, je ne vois pas pourquoi il faudrait considérer qu'il a réussi”. Cela s'appelle un mensonge. M. Ould Kablia et le pouvoir qui l'emploie qui ont pu censurer l'opposition devraient avoir la décence de ne pas parler en son nom. Le RCD a dit et répète que son initiative est un succès qui a acculé le pouvoir à se démasquer devant l'opinion nationale et internationale au moment où un vent de liberté souffle sur le Sud. Nous disons et répétons aussi que le déploiement du 22 janvier d'un dispositif digne des méthodes du sinistre Massu sur la capitale algérienne est plus une réaction de panique qu'un signe de puissance. 2- Les renseignements généraux de M. Ould Kablia qui étaient sur la brèche depuis 15 jours savaient que la mobilisation citoyenne allait acculer le pouvoir à un rapport de force décisif pour le changement. Il a été contraint et forcé de sortir son armada, préférant s'humilier à la face du monde, plutôt que de prendre le risque d'une déferlante populaire. M. Daho Ould Kablia aurait eu toute latitude de connaître le nombre de manifestants s'il n'avait pas encerclé les cités universitaires de la capitale, Bab El-Oued, La Casbah… S'il n'avait pas empêché les trains de rentrer sur Alger, détourné les bus, il aurait pu également apprécier le nombre de citoyens acquis à son clan et celui qui le condamne. C'est la peur de la marée humaine qui a poussé M. Ould Kablia à appeler 20 000 policiers en renfort, provoquant ce qu'un diplomate a appelé un acte de guerre et non une opération de maintien de l'ordre. 3- M. Daho Ould Kablia ment également quand il dit que le pouvoir a interdit toutes les marches dans la capitale. Même s'il n'était pas ministre de l'Intérieur à l'époque, des organisations satellites ont manifesté et s'expriment régulièrement à la télévision avec la bénédiction et le financement de l'Etat. À ce sujet, tout le monde se rappelle des marches commanditées lors de la sortie du chef de l'Etat de l'hôpital français du Val-de-Grâce. En outre, M. Ould Kablia doit veiller à donner un peu de cohérence à son propos : il y a une dizaine de jours, il déplorait le fait que les partis n'aient pas demandé des autorisations pour manifester pacifiquement ! Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que le ministre de l'Intérieur voit sa mémoire défaillir : le 22 janvier, il déclarait à 14h à l'APS que la police n'avait arrêté aucun manifestant. À 15h, il annonçait avoir libéré 19 personnes interpellées ! Mensonge également quand le ministre de l'Intérieur prétend que tous les détenus sont libérés. Des instructions sont toujours en cours dans de nombreuses villes d'Algérie. 4- Le déni de réalité dans lequel sombre le ministre de l'Intérieur atteste du divorce politique, moral, et générationnel qui déstabilise le pouvoir algérien, à l'instar des régimes semblables qui paniquent et tombent les uns après les autres. Contrairement à ce dont essaie de se convaincre M. Ould Kablia, ce n'est pas seulement le RCD que le régime a en face de lui, mais tout le peuple algérien. M. Ould Kablia aura, une fois de plus, l'occasion de vérifier sa crédibilité face au peuple algérien le 12 février.” Le RCD Alger, le 30 janvier 2011