La place du 1er novembre 1954 (ex-places d'Armes), a été, hier matin, le lieu de rendez-vous d'un rassemblement auquel a appelé la coordination nationale pour le changement et la démocratie. Ici, un important dispositif sécuritaire a été mis en place, dès les premières heures de la matinée. Dès onze heures, un petit attroupement s'est formé au centre de la place, face au siège de l'Hôtel de ville, et ce, au moment même où un groupe, constitué d'une vingtaine de personnes, brandissant des banderoles, scandaient des slogans dénonçant la corruption et l'injustice. Ce groupe s'est ensuite mêlé aux autres manifestants. Très vite, certaines banderoles et autres pancartes, déployées par les manifestants, ont été arrachées par les forces de l'ordre. Quelques échauffourées, entre manifestants qui ne voulaient pas céder leurs banderoles et les forces de l'ordre qui quadrillaient toute la place de «la victoire ailée», et ce, dans le but de confiner le rassemblement. Le nombre de manifestants auxquels s'étaient mêlées des badauds, était difficilement identifiable, une centaine de personnes pour certains et deux cents pour d'autres. Cela dit, les manifestants ont insisté sur le fait que cette marche soit pacifique, et n'ont pas laissé place à la casse et aux casseurs. Ils scandaient des slogans dénonçant la corruption et l'injustice. «Nous dénonçons la hogra et la corruption et que ceux, ayant profité de gros crédits bancaires, soient entendus», répétait-on dans la foule. Un autre groupe de manifestants, dénonçant les détournements de deniers publics, crieront à qui voulait les entendre: «Pourquoi les Chakib Khelil sont-ils toujours en liberté? Ils doivent rendre compte devant la justice.» A chaque fois que les manifestants tentaient de sortir de la place, ils étaient repoussés par les forces de l'ordre qui les limitaient ainsi à rester au niveau de ce seul endroit. Des interpellations ont été aussi enregistrées et on notera parmi eux des confrères journalistes. Certains avancent le chiffre d'une trentaine de personnes interpellées, alors que du côté officiel, on parlait de 15 personnes. Selon cette même source, des repris de justice se seraient mêlés au groupe de manifestants, constitué d'avocats, de médecins et d'universitaires. En fin d'après-midi, nous avons appris que notre confrère journaliste a été libéré. Un des organisateurs de la marche nous fera savoir: «Ce n'est qu'un début, les images de notre rassemblement sont déjà sur Facebook et Twitter et notre combat ne s'arrêtera pas là, on va nous entendre, on en a marre de l'injustice et des passe-droits.» Aux environs de 12h30, la place de «la victoire ailée» était pratiquement dégagée, et ce, bien que des jeunes, brandissant des photos à l'effigie du président Bouteflika, soient venus en groupuscules pour une contre-marche. A signaler que depuis plusieurs jours, la coordination nationale pour le changement et la démocratie avait, à coup de communiqués, annoncé une marche pour ce 12 février, au niveau de la place d'Armes, au cœur d'Oran. Un rassemblement pacifique animé et soutenu par un collectif large de toute obédience, «pour une Algérie qui n'appartient qu'aux Algériens». La coordination d'Oran réclame la levée de l'état d'urgence, la restitution des libertés publiques ainsi que la libération des détenus, lors des manifestations. Ce même communique fait appel aux Algériens et Algériennes qui veulent un pays libre et démocratique, pour eux et pour leurs enfants, à rejoindre le mouvement. En fin d'après-midi, la place du 1er novembre 1954 était totalement dégagée. Comme si de rien n'était…