Les amoureux de l'art, le grand art oserais-je dire, ont rendez-vous aujourd'hui, à partir de 17 heures à l'incontournable Espace Lotus, avec l'artiste peintre Saïd Debladji dont le parcours est traversé par une perpétuelle remise en cause pour toujours surprendre son monde, même si l'âme de son travail originel est toujours reconnaissable. Le natif de Mostaganem s'imprègne nécessairement dans ses créations du parfum spirituel qui arrose la terre du Dahra de religiosité. C'est en ce sens que l'on retrouve dans ses couleurs et les formes réelles qu'il décompose comme un air de transe. C'est cela sa Jedba aux couleurs spirituelles! Il y a, en effet, dans l'œuvre de Saïd Debladji, de la spiritualité, une spiritualité de la couleur qui accompagne la non-figuration vers laquelle il s'oriente. En tournoyant comme un derviche, parce tout l'univers est en perpétuel mouvement. Un mouvement circulaire. Ainsi, l'artiste est toujours en quête de cette «goutte de la perfection» à laquelle, somme toute, aspire l'Homme dans son cheminement vers le divin, faisant toujours être le cercle comme, dans la nature, les deux “grands luminaires”, celui qui repeint le ciel jusqu'au crépuscule et celui qui affronte mystérieusement et cycliquement le noir. Mais au fond, à travers cette peinture giratoire et comme incontrôlée d'objets informels, Saïd Debladji semble se raconter et ces résonances de couleur déclenchent chez le regardeur un flot de sensations. Celui-là se retrouve suspendu, sans peut-être le vouloir, par-ci à une «ode matinale» qui le transporte dans un lyrisme fusant à la manière d'un geyser d'une source de bleus, et par-là à une porte céleste d'où les signes arabes l'invitent à emprunter des marches virtuelles. Comme chimériques. Qui est entrainé dans un «Persian dream» où l'on sent l'encens des soufis et leur solitude peuplée, et qui se retrouve emporté sur les vagues d'une «Nouba» de notes jaunes et oranges donnant vie à une surface verdoyante ou sur la surface d'une «Sérénade» océan. Et que dire de cette série où l'artiste va travestir le papier journal pour faire de la page d'un jour un témoignage éternel d'«Extase» et de «Prédiction», avec les mots-couleurs de «Guellil»? Décidément, l'expo est à voir! Cela vaut vraiment le détour! Saïd Debladji, né en 1971, a à son actif plusieurs expositions individuelles -«Iwan» à la gelerie Gaia d'Alger et «Jardins perdus» à Aval Oran entre autres- et collectives à l'instar de «Mesk El Ghanaïm» qui a représenté l'Oranie dans le cadre des manifestations d'«Alger capitale de la culture arabe, 2007». Il a figuré aussi parmi les artistes retenus pour la «Rencontre méditerranéenne» d'Istamboul (Turquie).