Après trois tentatives de marche à Alger qui se sont toutes heurtées à un important dispositif des brigades antiémeutes, la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) a essuyé, hier, un véritable flop. Et pour cause! Devant la faible affluence, ces marches ont été tout simplement annulées. Si jusque-là les membres du CNCD n'avaient pas manqué de dénoncer avec vigueur «la répression et les brutalités policières sur les manifestants pacifiques», hier, ils n'ont dû leur salut qu'aux policiers appelés en renfort. Faute de quoi, certains d'entre eux auraient été lynchés. Même le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) Saïd Sadi a été pris à partie par les riverains du quartier d'El Madania (Salembier) d'où devait s'ébranler une marche en direction du siège de l'ENTV sur le Boulevard des martyrs. Des «contre-manifestants» ont, ainsi, scandé le nom du président Bouteflika pendant que d'autres jetaient des projectiles en direction des «marcheurs». Force est de constater toutefois que la stratégie de dispersion de la CNCD n'a pas été payante. Au contraire, la désaffection hier était nettement perceptible. Cela dit, quelques dizaines de personnes ont osés tout de même braver l'interdit et se sont regroupés dans différents points de la capitale comme à Aïn El Benian, El Madania, à Hussein Dey, Place 1er Mai et Place des Martyrs. Tentative d'explication de la déroute de la CNCD: la focalisation médiatique sur la personne de Saïd Sadi, un leader politique controversé. L'amalgame, ainsi crée, a vite fini par assimiler l'ensemble de la CNCD au parti politique RCD présenté à la population comme le seul initiateur de la marche. Autre fait avéré, l'exacerbation du «houmisme», un sentiment d'appartenance au quartier qui risque de faire des dégâts dans la capitale. Concernant les marches, il semble bien que le feuilleton du samedi tire à sa fin.