A chaque fois que les agents de l'ordre repoussaient les manifestants, ces derniers leur rappelaient le caractère pacifique de la marche. Finalement, tous les pronostics concernant la possibilité de tolérer la marche de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (Cncd) étaient faux. Hier, la marche de la Cncd, qui devait s'ébranler à 11 heures de la place du 1er Mai vers la place des Martyrs a été tout simplement empêchée par un gigantesque dispositif des forces de l'ordre. «Rien ne passe». «Circulez, pas de marche, pas de rassemblement, dispersez les manifestants», ordonne un officier aux agents de l'ordre et aux citoyens. Les manifestants, qui commençaient à arriver sur place aux environs de 9h30 se sont heurtés, dans leurs tentatives de percer les cordons de sécurité qui encerclaient toute la place de 1er Mai, à la détermination des agents de l'ordre. Ces derniers déterminés à accomplir leur besogne ont empêché la manifestation. Des bousculades ont eu lieu et plusieurs manifestants ont été blessés et transférés à l'hôpital. Le député du RCD Tahar Besbès, grièvement blessé est hospitalisé au CHU Mustapha-Bacha. Selon des témoins, le député a reçu un coup au ventre donné par un policier et sa tête a heurté le trottoir en tombant. De même que Me Sadat Fetta et l'animateur du mouvement Algérie Pacifique, Amine Menadi ont été passés à tabac. Mostefa Bouchachi, président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (Laddh) a été malmené et Ali-Yahia Abdenour molesté. Le secrétaire général de la Ligue a échappé de justesse à une agression à l'arme blanche par des baltaguias qui étaient sur place. Une des journalistes a été maltraitée. Le secrétaire général du Syndicat national autonome du personnel d'administration publique (Snapap), Rachid Malaoui, a perdu connaissance, sous la pression exercée par les policiers qui tentaient de repousser les manifestants. Ces derniers ont brandi des cartons rouges et scandé des slogans hostiles au pouvoir et au régime. «Régime dégage», «Le peuple veut faire tomber le régime», «Pouvoir assassin», «Algérie libre et démocratique», sont, entre, autres slogans des manifestants qui voulaient en découdre avec le régime en place. A chaque fois que les cordons de police repoussaient les manifestants, ces derniers leur rappellaient que la marche était pacifique. En vain. Pas de démocratie et pas de liberté pour le moment. Les manifestants sont divisés et scindés en plusieurs groupes de telle manière que les forces antiémeute les maîtrisent avant que les hommes en bleu ne les repoussent et les dispersent. «Ils n'ont pas le droit de nous faire ça, on est dans notre pays et on veut manifester dans notre pays. Ils doivent comprendre notre message», a déclaré Dahmane L. Un autre manifestant, stupéfait par l'attitude des services de sécurité, a précisé que le pouvoir a intérêt à écouter le peuple au lieu de le réprimer. L'arrivée de quelques jeunes payés pour perturber la marche pacifique, a failli provoquer l'affrontement, devant l'attitude passive de la police. L'irréparable et le pire ont été évités avant que les perturbateurs ne deviennent des manifestants anti-pouvoir.