Les parlementaires sont absents. Ils l'étaient avant les émeutes, ils le sont pendant les émeutes et tenteront de les récupérer quand celles-ci se seront éteintes. Qui peut les récupérer politiquement? Certainement pas les partis de l'alliance, car ils représentent le pouvoir et ne se sont pas enracinés au niveau des populations. Pas les partis de l'opposition bien qu'ils voudraient bien le faire, mais ils savent que leurs capacités à les récupérer sont pratiquement nulles. Pourrons-nous dire alors que toute élection législative, c'est-à-dire que toute élection d'un député, est une partie d'un grand avènement, celui qui verra se renforcer le processus de démocratisation, celui qui verra la contribution décisive du député à la relance de l'économie, celui qui verra se renforcer les liens entre notre parlement et les parlements du monde, qui verra, grâce à l'action des députés à l'étranger, un afflux important d'IDE vers notre pays et qu'on sait, avec précision, qu'à partir du moment où un représentant du peuple va siéger au parlement, ce sera de cette enceinte que sortiront toutes les propositions qui sortiront le pays de la crise? Tout ce qui est présenté sous cette forme d'interrogation a fait partie des convictions portées par les populations aux premières élections parlementaires. Chaque sortie des parlementaires à l'étranger, notamment dans les pays occidentaux, a suscité au début des espoirs. Puis, les populations ont fini par comprendre qu'il n'en sera jamais le cas, et qu'au plus ce seront des visites «enrichissantes» (formation aux méthodes parlementaires pratiquées à l'étranger et, pourquoi pas, bénéfice des frais de mission). N'exagérons rien. Pour une élection de plus, ça n'en est peut-être qu'une de plus compte tenu qu'aucun indice d'évolution positive n'est perceptible dans la mesure où tous les acteurs politiques sont figés sur leurs positions. Les audiences ont bien baissé, et de beaucoup même. Une élection de plus. Ce jour est bien sûr mémorable pour ceux qui, pour la première fois, sont devenus députés mais, jusqu'au jour d'aujourd'hui, ceux-là n'apparaissent pas comme différents de leurs prédécesseurs, et n'apparaissent pas capables de redoubler d'argumentaires pour convaincre réellement les populations que, cette fois-ci, il y aura du changement pour le pays. Nous ne sommes pas dans un champ politique fragmenté où des partis négocient une alliance pour pouvoir gouverner sur la base d'un compromis sur le programme économique et les questions liées aux barrières sociales, au régime de la retraite…. Les partis qui doivent se coaliser ont probablement reçu l'ordre de le faire et nous ne sommes pas, peut-être ne le serons-nous jamais, dan une situation d'alliance instable où des alliances de conjonctures se font et se défont avec toutes les implications sur le gouvernement.