Le secteur culturel, ce parent pauvre longtemps mis en veilleuse en matière d'infrastructures, renait de ses cendres à la faveur de cette manifestation culturelle islamique ouverte, ce samedi, par le président de la République. Il a fallu attendre cette opportunité pour mettre au profit de la capitale des Zianides d'un certain nombre de projets aussi pour le volet culturel que pour celui du volet socio- économique. Historiquement, cette ville, appelée dans le passé « cité des beaux cavaliers, de l'air et de l'eau », située au carrefour des routes qui menaient du Maroc à l'Algérie et de la Méditerranée au Sahara. La capitale de l'Ouest oranais
Tlemcen eut un rôle commercial considérable. En 1248, elle forma un royaume berbère, indépendant de l'empire des Almohades et devint la capitale du royaume Abdelwadide qui s' étendit au XIVe siècle, était un centre religieux et devint alors un foyer de culture islamique. Au XVIe siècle, elle passa sous la souveraineté du gouverneur espagnol d'Oran puis, sous la domination d'Arroudj Barberousse et enfin des Turcs en 1553. Cette mystique capitale de l'ouest Oranais a longtemps été considérée comme la « Jérusalem du Maghreb »parce que les musulmans et les israélites y ont gardé leurs lieux saints. La mosquée de Sidi Bou Médiène qui a été construite au XIVe siècle par un sultan de Fès, » sultan noir », de pur style hispano-mauresque, comme à Fès ou à Grenade. Le minaret est orné de briques et de céramiques polychromes. Boumediène s'appelait en réalité Chaib Ibn Hussein El Andalousi, car il était né à Séville, Ibn Chaib enseigna successivement à Bagdad, Séville, Cordoue et enfin à Bougie. Il était d'une intelligence hors du commun. Les tlemcéniens lui firent des obsèques imposantes et l'ensevelirent à l'endroit même dont il avait dit « Quel lieu propice au sommeil ».
Un carrefour des cultures
Si la présence arabe, porteuse de la foi islamique et de la civilisation orientale aux populations berbères autochtones, ne remonte qu'au VIIIe siècle, l'origine des communautés juives en Afrique du Nord a été constatée plus de dix siècles avant J.C et leurs colonies étaient déjà nombreuses sous l'occupation romaine, d'abord sur le littoral puis dans l'intérieur du pays. Longtemps, les Juifs n'eurent pas le droit de résider à l'intérieur des murs de la cité. C'est seulement en1393, grâce aux mérites du rabbin Ephraim Enkaoua, qu'ils furent autorisés à franchir les remparts. Ils y vécurent en vase clos, dans le mellah (ghetto) jusqu' à l'arrivée des français, mais ils sont toujours restés attachés à la langue arabe. De toutes les villes de l'ouest oranais, Tlemcen est celle qui fut la moins pénétrée par l'immigration espagnole. La limite de cet exode ibérique du milieu du XIXe siècle semble avoir été la région de Rio Salado, Sidi- Bel Abbès et Bén,i-Saf. Djamaa el Kébir, la grande moquée, bâtie au XIIe siècle, extraordinairement dépouillée, moderne de lignes. Cependant, l'influence andalouse, à Tlemcen, remonte au XVe siècle, lorsque la reconquête dirigée et achevée par les rois catholiques fit refluer sur l'Afrique du nord les Moros qui sont à l'origine de ces communautés andalouses que l'on retrouve de Fès à Bizerte et qui ont gardé, avec les clés de leurs maisons abandonnées à Grenade ou à Malaga, leur folklore musical et poétique. Il y a aussi, sur la route du Maroc, les ruines imposantes de Mansourah la victorieuse, cette métropole provisoire de l'altitude (plus de 800 m) mais ensoleillée succédait un printemps précoce qui faisait éclore, dès le mois de février, les fleurs de cerisiers et des pêchers .C'est ensuite la célèbre fête des cerises qui amenait à Tlemcen des dizaines de milliers de visiteurs. De climat méditerranéen, elle bénéficie, davantage que les autres villes de l'ouest algérien, des caprices du ciel. Son territoire correspond au bassin de la Tafna, avec ses affluents et ses sources pérennes. C'est, depuis longtemps, le château d'eau de l'Oranie.
Des infrastructures à la hauteur de l'événement
Ainsi, le choix d'organiser cet évènement islamique dans la capitale des Zianides reflète réellement l'importance accordée à cette perle du Maghreb. La richesse de ce patrimoine dont elle dispose a nécessité la mise au profit de ce secteur un programme de réalisation d'infrastructures et de restauration pour son renforcement afin d' être prête pour cette manifestation grandiose. Tlemcen a aujourd'hui son magnifique palais de la culture, véritable chef- d'oeuvre. Aujourd'hui, Tlemcen est le carrefour des cultures du monde qui se croiseront dans ses espaces et se côtoieront pour le plus grand plaisir du public. La participation des pays membres de l'organisation islamique pour l'éducation, les sciences et la culture(ISESCO) au nombre de 56 outre la Bosnie, l Espagne, la Pologne, la Russie, l'Inde, Cuba, le Portugal, et bien d'autres, démontre l'importance accordée à la culture musulmane. Dans ce cadre, un riche programme a été élaboré pour fêter l'évènement relatif au volet festival et animation de proximité, les expositions, les livres et littérature, le cinéma, le patrimoine culturel immatériel et chorégraphie, le théâtre, les semaines culturelles nationales et journées culturelles étrangères, les colloques. Concernant ce mois d'avril de l'année 2011, quatre expositions sont prévues portant sur les manuscrits musulmans, la vie quotidienne à Tlemcen, les bijoux et numismatique, les objets du culte musulman. Pour le programme de diffusion de films, quatre ont été prévus, dont deux ont été déjà présentés au public. Pour celui des colloques, le nouveau palais de la culture implanté à Imama abrite à partir de ce 18 avril un séminaire sur les penseurs et figures illustres de Tlemcen quant à celui des festivals et d'animations, il est prévu du 20 au 29, le festival culturel international de la calligraphie arabe.