L'audience du troisième jour du procès de saisie de 28 quintaux de drogue, impliquant l'ex-chef de Sûreté de Tlemcen, a été marquée par de graves accusations contre le juge d'instruction formulées par l'accusé Z.M., un officier de police à la Sûreté de daïra de Maghnia. Appelé, hier, à la barre, l'officier a déclaré que «le juge d'instruction a visité l'accusé et son collègue et compagnon de cellule, M.B., dans la prison», pour leur dire que «s'ils arrivent à incriminer l'ex-chef de Sûreté de daïra dans cette affaire, ils pourront avoir une garantie d'acquittement». De telles déclarations ne sont pas tombées dans l'oreille d'un sourd: le bâtonnier constitué pour la défense de l'ex-chef Sûreté de wilaya a donc immédiatement demandé la révision du registre des visites de la cellule de prison de Remchi pour prouver ou rejeter ces dires. La demande a été même accordée par la Cour, le président ayant instruit les services concernés pour vérifier immédiatement, sur registre, les déclarations du mis en cause. Par ailleurs, le juge est revenu sur une pièce importante du dossier dans l'affaire, à savoir le rapport de constat fait par une équipe d'officiers qui se sont rendus sur les lieux (M.D., T.M., M.B. et D.D.), et Z.M. accompagné de renfort pour sécuriser la zone le jour de la saisie de 275 kg de drogue, à bord de la Renault 25 garée devant le domicile de l'accusé B.B., jugé pour détention et commercialisation de drogue. Z.M. a déclaré que la voiture a été contrôlée par ses collègues et la marchandise de stups a été retrouvée dans le coffre arrière du véhicule. Et comme ses portières étaient ouvertes, les agents ont pu vérifier l'habitacle mais il leur a été impossible de relever des empreintes. Le rapport de constat fait par l'équipe du service d'identité judiciaire sur les dimensions et les traces des pneus retrouvés dans le garage arrière de la maison du dénommé B.B. ne correspondaient pas à celles de la Renault 25. Ce qui explique indirectement que le véhicule ne serait pas sorti du même garage. Pourtant, le rapport présenté à la Cour affirme le contraire. Notons que celui qui devrait faire le constat, ne se serait pas présenté sur les lieux mais il aurait seulement envoyé le photographe pour prendre des photos de la scène. Le président de la Cour est intervenu enfin pour faire remarquer que «les empreintes qui ont été relevées sur la voiture, si elles n'avaient pas été endommagées par celles des policiers, elles auraient fourni des preuves matérielles importantes pour permettre l'identification réelle des auteurs inculpés».