Au deuxième jour de son procès, l'affaire des 28 quintaux de kif saisis à Maghnia et Ghazaouet et dans laquelle sont impliqués pas moins de 16 personnes dont cinq officiers de police -l'ex-chef de sûreté de wilaya de Tlemcen, un commissaire et deux de leurs collaborateurs- aura été marqué par des accusations en série auxquelles se sont livrés trois des principaux inculpés appelés à la barre. Il s'agit en l'occurrence de B.B. accusé de trafic de stupéfiants et de possession d'arme à feux, de D.D. ex-chef sureté de daïra et, enfin, de M.D., officier de police, jugé pour avoir détruit des preuves matériels sur le registre des appels entrants du commissariat de Maghnia qui se révélaient très compromettantes pour l'un des accusés, H.N. impliqué dans l'affaire des 25,40 quintaux de kif saisis à bord de son camion dans un parking de voiture à Ghazaouet. Le premier à se présenter devant les juges déclarera d'emblée que la voiture de type R21 en stationnement devant son domicile, au quartier Haddam de Maghnia, ainsi que les 275 kilos de kif traités et l'extrait de naissance retrouvés à son bord, ne le concernaient en rien, tout en faisant observer au passage que le rapport d'enquête établi par les services de sécurité de la daïra de Maghnia était truffé de fausses déclarations. «Ma signature a été portée sur un document à blanc et les enquêteurs qui m'interrogeaient ont même brandi la menace de me laisser pourrir en prison», confiera-t-il aux juges. Appelé à son tour à la barre, l'ex-chef de la sureté de daïra de Maghnia, D.D., expliquera aux juges que le jour de la saisie de ladite quantité de drogue devant le domicile de B.B., il était occupé par la visite à Tlemcen d'une commission ministérielle. «C'est à ce moment-là, dira-t-il, que j'ai reçu un appel téléphonique de mon agent M.D. m'informant qu'ils ont découvert une voiture suspecte de type R21 devant le domicile du dénommé B.B. Aussitôt des instructions précises ont été données pour arrêter ce dernier et procéder à la perquisition de son habitation.» Pour vérifier les dires du commissaire, le juge interrogera l'agent de police M.D. qui confirmera que c'était bel et bien son chef D.D. qui lui aurait ordonné d'effacer du registre du standard de la sûreté de daïra de Maghnia, les appels téléphoniques mettant en cause le trafiquant de drogue H.N. «Ce sont des ordres donnés par les supérieurs» aurait-il ajouté. Cette déclaration sera confirmée par la suite à la cour par une policière du même service ce qui ne manquera pas d'enfoncer encore plus l'ex-chef sureté de Maghnia, lequel continuera de niera en bloc les accusations portées à son encontre… Le procès doit se poursuivre aujourd'hui encore avec l'appel à la barre du reste des 16 inculpés.