Hier, au troisième jour du procès des 28 quintaux de drogue saisis en 2005 à Maghnia, qui se tient au tribunal de Sidi Bel-Abbès, les débats ont été marqués par l'audition de l'ex-chef de sûreté de daïra de Maghnia, D. D., d'un ex-officier de police, D. M., ainsi que celles de quatre policiers cités comme témoins. À la barre, le prévenu, D. M., ex-accusé de falsification de documents, qui a été longuement interrogé par le président du tribunal criminel, et s'exprimant en réponse à une question de l'avocat de la défense, Me Athmani, a enfoncé le juge d'instruction de Remchi, dans la wilaya de Tlemcen. “Est-ce que vous pouvez nous dire qui vous a rendu visite en prison ?” Surpris, l'ex-officier hésite un instant, puis rétorque : “À l'issue de l'instruction, alors que j'étais dans la cellule avec M. B., j'ai reçu la visite du juge d'instruction de Remchi.” Le bâtonnier revient à la charge et insiste auprès du prévenu : “Que vous a-t-il proposé ?” À cet instant, D. M. lâche ce qui a abasourdi toute l'assistance : “Si tu témoignes que S. M., chef de sûreté de la wilaya de Tlemcen, a une très bonne relation avec les fils de Houari (gros bonnet de la drogue à Maghnia), je te sortirai indemne de cette affaire.” Aussitôt après avoir entendu cette révélation, Me Athmani a demandé avec insistance au président de l'audience un acte sur le témoignage de D. M. “Pas pour l'instant, il faut attendre aussi le témoignage de son codétenu, M. B., et l'acte restera suspendu jusqu'à la convocation du directeur de la maison d'arrêt de Remchi.” Ne s'arrêtant pas là, le bâtonnier a de nouveau pris la parole pour demander au président du tribunal criminel de convoquer le dénommé Boumadani, ex-chef de la brigade régionale des stupéfiants de Tlemcen, qui a été à maintes reprises cité par les prévenus. Et le président lui répond : “Il a été convoqué et il n'est pas venu.” Pour rappel, au début de l'audience d'hier, le prévenu D. M., un ex-officier de police, qui, selon ses aveux, est le premier cadre de la sûreté de daïra à se rendre sur la scène du crime au quartier Heddam, sur ordre de son chef hiérarchique, a été soumis à une série de questions du président. Pour ces interrogations, les réponses de D. M. n'ont, à aucun moment, reflété ses déclarations formulées lors des différentes étapes de l'instruction, selon le président, qui a souvent relevé l'incohérence du contenu de ces déclarations, comparées à celles des autres policiers témoins.