Héritée sous une forme hybride, composée de simples caisses enregistreuses d'opérations de souscription aux différentes polices agissant pour le compte de grandes compagnies françaises des assurances telles que AGF, l'organisation du fonctionnement du marché des assurances a évolué pour donner lieu à une compartimentation du secteur par branches spécialisées – automobiles, agricole, entreprises etc. Cette forme de segmentation des activités d'assurances n'a pas donné une liberté d'entreprise et a surtout généré des disparités et de la discrimination dont ont profité les compagnies publiques d'assurances, entre autres la Société algériennes des assurances, qui ont acquis de ce fait un quasi-privilège monopolistique sur les primes d'assurances automobile. De ce point de vue, cette réforme de l'organisation n'a pas favorisé l'émergence d'auteurs nouveaux capables d'apporter une animation soutenue du marché. Cette organisation a duré de 1965 à 1990. Entre ces deux dates est intervenue la spécialisation en 1976. Le modèle d'organisation par la spécialisation qui a donc segmenté l'activité du marché a subi une réforme intervenue avec, d'une part, la loi 88/01 portant autonomie des entreprises publiques et, en 1996, a été donc entamée la démonopolisation du secteur qui a mis fin à la spécialisation menant donc, à la concurrence libre et plurielle, l'ensemble des branches d'activités. Ce fut la déspécialisation. Une déspécialisation qui a donné lieu à la création d'entités privées au partenariat et au conseil en assurances, c'est-à-dire à des entreprises telles que la Trust Algeria, la 2A Algérienne des assurances, Salama Assurances, CAP Assurances et une compagnie de courtage et autres agents généraux de grandes compagnies d'assurances comme la CAS, le CAAT etc…. Lors du forum des assurances, organisé jeudi dernier par la Voix de l'Oranie, auquel ont pris part nombre de responsables de sociétés publiques et privées d'assurances, des sociétés de courtage et agents généraux, quasiment l'ensemble des participants ont exprimé leurs attentes d'un tel événement. Une nouvelle réforme du secteur qui établirait une organisation nouvelle capable d'assurer une discipline tarifaire. Ainsi donc est attendu du marché des assurances un nouvel écho portant réorganisation du fonctionnement à même de répondre aux préoccupations des agents qui y activent tant en aval qu'en amont. A partir de là, pourrait-on dire que le marché des assurances est bel et bien parti pour sortir de l'immobilisme. Secteur financier aux multiples créneaux porteurs de valeur ajoutée, son indispensable ouverture à l'investissement privé national et étranger a été dernièrement marquée par des prémices à une grosse effervescence à laquelle nous avons été témoins. Et nous assistons présentement à une véritable course aux parts de nombre de segments - automobiles et autres matériels roulants et de production, entreprises et travailleurs – qui est lancée entre les concurrents des compagnies publiques et privées des assurances, leurs agents généraux et les bureaux d'étude et de courtage. L'agressivité est totale. De véritables offensives médiatiques sont enclenchées pour promouvoir qui un produit qui des tarifs attractifs. De gros budgets sont engloutis dans ces campagnes publicitaires de promotion. D'autres agents économiques ont privilégié la mise en branle d'une stratégie de conquête de segments comme celui de la PME/PMI, où gravitent quelque 2 millions d'entités économiques, par une communication de proximité, de sensibilisation et d'explication des risques et leur gestion. La nouvelle organisation que souhaitent l'ensemble des opérateurs du secteur est qu'elle soit fondée sur une saine concurrence et basée sur l'édification d'une espèce de sémaphore vertébrée de telle sorte qu'elle réponde aux vœux. L'exercice d'une surveillance du marché et les sanctions encourues par les contrevenants face à la libre et honnête concurrence. M. Boukaboura
Au sujet du manque de culture des citoyens pour l'assurance en Algérie La finance islamique, grande absente du débat
L'atelier initié par La voix de l'Oranie et qui a réuni la plupart des assureurs de la région Ouest du pays a révélé, en autres aspects cruciaux, un déficit manque flagrant de «culture» pour l'assurance en Algérie. Le constat est, pour ainsi dire, unanime. A entendre les spécialistes, certains algériens seraient complètement réfractaires à l'assurance dans sa formule classique. Et pourtant, les choses sont claires! A l'instar du crédit bancaire assimilé parfois comme un instrument d'usure (Er' riba), nombre de nos concitoyens se refusent de recourir à l'assurance, notamment celle «non-obligatoire» et ce pour des considérations éthiques sinon religieuses. Le prétexte avancé, dans bien des cas, est que l'assurance est liée à la spéculation « El Ghaïb» et qu'elle repose essentiellement sur une prescience « illicite» en Islam c'est-à-dire non-conforme à la Chariaâ. Ce facteur religieux doit être examiné loin de toutes surenchères. Les réticences qui en découlent lestent lourdement l'essor du secteur des assurances en Algérie et les perspectives de son développement. C'est pourquoi, ce « manque à gagner » doit pouvoir interpeller aujourd'hui non seulement les professionnels des assurances mais également les pouvoirs publics. Cette situation appelle en effet à une large réflexion et concertation sur la «finance islamique», un parent pauvre de l'économie nationale. Jusqu'à présent, aucun banquier ou assureur, public ou privé, présent sur la place, n'a jugé utile de présenter une formule spécifique. Pourtant entre éthique et technique, l'assurance islamique offre assurément un grand potentiel. Ailleurs, presque tous les banquiers ou assureurs de renom investissent, à qui mieux-mieux, ce créneau et y proposent une large gamme de produits «halal» notamment le fameux «Takafoul », un concept reposant sur un système mutualiste qui existe, apprend-on, chez nos voisins de l'est et de l'ouest. Il va sans dire que les dirigeants des groupes internationaux qui commercialisent ce type de produit financier ne sont pas toujours des musulmans. Parfois, loin s'en faut…Il s'agit tout simplement de managers pragmatiques et bien avisés qui cherchent à développer, tout simplement, leurs chiffres d'affaires et à faire tourner leur affaire. Comme la nature a toujours horreur du vide, ils ont vite compris le sens et surtout l'intérêt du «Takafoul», un concept dérivé du mot «Kafala», qui signifie en arabe "se garantir l'un l'autre" ou encore "garantie conjointe". Ce système est basé essentiellement sur la coopération mutuelle et l'assistance entre des groupes ou des participants. Il est à signaler enfin que des travaux pertinents autour de la finance et de la morale islamique ont déjà été entrepris, ça et là. Des études sociologiques voire même théologiques ont été menées à ce sujet dans de nombreux pays afin de trouver une solution pour que les assurés de culte musulman puissent se prémunir contre des risques et cela sans renier leurs croyances dans ce domaine. Dans le golfe persique et dans le sud-est asiatique, il existe, paraît-il, plusieurs expériences réussies. Il suffit peut être de les débattre et de les adapter à notre schéma social. Car derrière ce fait qui semble, pour certains, anecdotique se cache une réalité profonde qu'il faudra nécessairement, un jour ou l'autre, prendre en compte. Il s'agit, ni plus ni moins, d'un nouveau gisement financier à exploiter. M.-C.L.
Concurrence déloyale Marché des assurances cherche gendarme
Acteurs non des moindres sur le marché de l'assurance en Algérie, la CAAT et la Trust Algeria étaient représentées à l'atelier initié par La voix de l'Oranie, en début de semaine, intervenant sur divers sujets, dont celui des normes et de la concurrence dans le domaine. De prime abord, Salim Aït Mehdi, le Regional manager de la société implantée dans le paysage national depuis maintenant seize années, a pointé du doigt la question de l'absence de norme sur le marché. «Quelle est-elle en Algérie? Pourquoi est-on si différent que les assureurs installés en Mauritanie, un pays qui est pourtant loin d'égaler le nôtre en moyens? Quelles sont enfin les institutions chargées de contrôler cette norme?» interroge-t-il avant de lâcher la réponse en arabe, comme pour bien l'appuyer: «Ma 'andnach!» (Nous n'en avons pas!). Ou presque puisqu'il est question désormais d'un Conseil national des assurances. Presque parce qu'il s'agit plutôt d'un organe consultatif. «Il n'est pas là pour superviser l'activité», souligne un intervenant en précisant qu'il est composé, entre autres, des compagnies d'assurances, des experts et l'association des consommateurs d'assurances. Le représentant de Trust Algeria a tenu aussi à faire remarquer que, malgré la présence de cette société depuis au moins trois lustres -elle est même la première entreprise étrangère privée qui a investi en Algérie dans les assurances en 1995 en partenariat avec les compagnies locales, que sont la CAAR et la CCR-, on continue à la considérer encore comme étrangère. «Ce n'est pas normal!» s'écrie-t-il, en revenant par ailleurs sur l'épisode vécu avec Sonatrach où la compagnie d'assurance a été «évincée» des marchés des risques énergétiques, et ce, consécutivement au «bruitage» qui a suivi une opération conclue «dans la transparence totale et selon les normes internationales». On saura à ce propos que «Sonatrach voulaient que Trust garde uniquement 2% des primes d'assurances et les 98% restant devaient être réassurés auprès de groupes ‘d'envergure'». Cela a été évoqué comme pour sous-entendre qu'il y a quelque part un parfum de concurrence déloyale. Par rapport à qui? Suggèrerait-il que l'Etat imposerait aux entreprises du secteur étatique d'opter plutôt pour les assureurs du secteur public? On ne le dit pas clairement. Le représentant de la Trust Algeria préfère souligner que «cela n'empêche pas (sa) compagnie de garder des relations excellentes avec Sonatrach». Les débats s'emballent à ce moment. Et le premier à réagir est Chafi Oran, délégué pour l'événement par Mohamed Mekri, le Directeur régional de la CAAT, une EPE pratiquant toutes les opérations d'assurances et qui a été créée en 1985, sous forme d'Entreprise Publique, pour, «au départ, assurer tous les risques liés aux transports maritime, aérien et terrestre». «En fait, soutient-il, nous sommes peut-être les premiers à souffrir de cette situation qui nous fait passer pour des privilégiés d'un système alors que nos marchés nous les obtenons sur la base de l'expérience acquise sur le terrain depuis maintenant plus de 25 ans et grâce à nos offres», dit-il. «En fait, renchérit M. Aït Mehdi, pour ce qui est de la concurrence déloyale, elle intervient au plan des tarifs, essentiellement dans l'assurance automobile et incendies». A ses yeux, «les tarifs imposés par le ministère des Finances ne sont pas toujours respectés». C'est là un avis partagé par d'autres assureurs. Et c'est une longue histoire… Y. El-Atrach
Indemnisation des assurés «Nous tenons à une indemnisation rapide des dommages»
Le 1er forum des assurances auquel ont pris part, samedi passé, plusieurs représentants de sociétés publiques et privées d'assurances, des sociétés de courtage et des agents généraux dont nous citerons Chafi Omar de la CAAT, Mustapha Hantaz de la Société algérienne des assurances 2A, Salim Aït Mehdi de la Trust Algeria, Seghier Lahouari de la CAP Assurance (Courtage) et A. Ghaouti du Bureau d'étude et de courtage, a suscité parmi les participants un vif et fructueux débat et nombre de contradictions ont vite été levées sur des questionnements relatifs au thème générique.
Quelles perspectives pour les assurances ?
A travers ses nombreuses interventions où le point de vue n'avait pas cours, laissant place à des explications sur l'organisation du marché des assurances, son évolution et sur la pratique de la fonction d'assureur, ainsi que sur ce qui préoccupe également la profession, le directeur régional de la société Salama assurances a, avec son verbe haut, affiché la position et les prétentions de sa société. Concernant l'organisation du fonctionnement du marché et de la concurrence, M. Zerigui n'est pas allé avec le dos de la cuillère pour rétablir la vérité crue sur les pratiques anticoncurrentielles qui ont cours. Il dira à ce propos : «Les tarifs doivent être uniformisés et respectés si l'on soutient que c'est une exigence qui réclame la majeure partie des opérateurs. Sur une question ayant trait aux indemnisations des dommages, M. Zerigui soutiendra mordicus que Salama Assurances ne badine jamais avec ça et ne prend pas à la légère l'indemnisation des victimes. «A Salama Assurances, nous nous sommes engagés à ne pas traîner ni reporter à chaque fin d'exercice des soldes équivalents pour nous à une détention pour compte qui gonflerait notre passif. Nous nous attelons à indemniser nos clients victimes de dommages dans les meilleurs délais possibles». M. Boukaboura
Encadrement des compagnies d'assurances Mais où sont donc les actuaires ?
Parce qu'il s'agit d'évaluer la rentabilité financière d'une rente, de déterminer les annuités de remboursement d'intérêt et/ou de procéder à l'actualisation d'une rente que la connaissance de cette partie des techniques mathématiques, que sont les études d'actuariat, est importante pour la gestion d'une compagnie d'assurances qui lui assigne une fonction prépondérante dans l'architecture de l'organisation. Cette fonction est dite actuariat. Les agents qui y activent sont dits des actuaires spécialisés qui jonglent avec les mathématiques financières, les calculs de probabilités, l'évaluation des taux, des intérêts et des rendements. Ils sont appelés donc à évaluer les opérations d'assurances et à déterminer les parties du rendement d'un capital à rembourser dans un temps échelonné. On ne les retrouve pas dans chaque coin du marché du travail. C'est une espèce rare et les compagnies publiques d'assurances n'en possèdent qu'une poignée. Aucun actuaire n'active au niveau des succursales et agences de ces compagnies. En cas de besoin, la succursale l'exprime à sa direction générale. Aucune agence ou bureau d'étude et de courtage en assurances n'emploie, à titre permanent, un actuaire. Il n'existe pas, non plus, une officine privée ou publique d'actuaires à l'échelle nationale. La formation d'actuaires est faite par l'institut des finances et des assurances de Paris (France) qui assure (sans jeu de mots) des formations en études bancaires. M. Boukaboura
Cabinets de courtage en assurances «Il faut se préparer à l'ouverture aux compagnies étrangères»
Depuis la levée du monopole de l'Etat sur le secteur des assurances, avec la promulgation de l'ordonnance 93/07 du 25 janvier 1995, il a été permis la création de cabinets de courtage en assurances. Avec 25 cabinets répartis à travers le territoire national, le nombre reste très insuffisant en comparaison avec les pays voisins. Cela étant, la présence de ces cabinets de courtage en assurances reste d'une nécessité reconnue par l'ensemble des acteurs du secteur et n'est, en aucun cas, vu comme étant concurrentiel aux compagnies d'assurances déjà existantes. Ce qu'a expliqué Seghiri Lahouari, directeur général de CAP Assurances, lors du forum organisé au siège de nos deux journaux La voix de l'Oranie et Sawt El Gharb. Il dira à ce sujet :«Nous ne pouvons pas parler de concurrence avec les compagnies d'assurances déjà en place, bien au contraire, mais c'est plutôt en binôme que nous travaillons». De son côté, et concernant l'arrivée annoncée de compagnies d'assurances étrangères en Algérie, A. Ghaouti, directeur général d'un autre cabinet de courtage en assurances, installé à Oran, dira: «Il est impératif pour les compagnies algériennes, qu'elles soient privées ou publiques, d'êtres préparées face à l'ouverture du secteur aux compagnies étrangères». A. Ghaouti n'omettra pas de déplorer l'absence d'instituts de formation dans le secteur des assurances, tout en mettant en exergue la dévalorisation des coûts d'assurances en citant, à titre d'exemple, l'assurance automobile qui représente à elle seule 50% des contrats en Algérie avec une valeur estimée aux alentours de 10 dollars, un coût très faible par rapport aux tarifs pratiqués ailleurs. Dans le même contexte, les deux représentants des cabinets de courtage en assurances s'accordent à dire que des conditions sont nécessaires pour la crédibilité de ces cabinets dont la technicité et l'expérience indispensables pour une bonne gestion dans le secteur des assurances, et ce, en raison du domaine qui reste très technique.