Le secteur des assurances en Algérie a enregistré une nette évolution au cours du troisième trimestre 2006 estimée à 21% par rapport à la même période de 2005, selon un bilan présenté mardi à Alger par le Conseil national des assurances (CNA). Le chiffre d'affaires réalisé par les assurances durant le 3ème trimestre 2006 est évalué à 11,7 milliards DA contre 9,7 milliards DA à la même période de 2005, a souligné la même source. La branche IARD (incendie, accidents et risques divers) a contribué pour plus de 80% à la production sous les effets conjugués de son taux de croissance et de son poids dans la production globale du trimestre, a expliqué le secrétaire national du conseil, M. Abdelmadjid Messaoudi qui a présenté le bilan . En seconde position, vient la branche "assurance automobile" avec une contribution de 12,8 % et un taux de croissance de 6,3%. Durant cette période, les assurances de personnes ont connu une nette progression de 35,3%, laissent apparaître les statistiques du CNA. En terme de contribution a l'augmentation globale de la production, cette branche n'a pourtant contribué que pour 6,4% du fait de son poids encore faible sur le marché. Les autres branches ont contribué, pour leur part, avec soit des taux faibles ne dépassant pas 3% pour les assurances "transport" et "crédit -caution", soit négativement dans le cas des "assurances agricoles" avec -2,8 %. L'augmentation de l' IARD est due principalement à la comptabilisation d'une partie des primes des contrats Sonatrach dans le 3eme trimestre. La souscription de nouvelles affaires en incendie et engineering ont également contribué à cette forte croissance. L'augmentation dans la branche automobiles, durant cette même période de référence, est due essentiellement a la souscription des garanties "dommages collision" et "tous risques" à la SAA, souscriptions nouvelles soutenues par les crédits octroyés pour l'achat de véhicules. La branche "assurance de personnes" a enregistré une progression de +35%, liée principalement à la souscription de contrats d'assurance vie "Remboursement crédit" exigée par les banques dans le cadre d'octroi des crédits a la consommation. L'assurance groupe, qui accompagne en général les contrats souscrits par les grandes entreprises, a aussi contribué au développement de la branche, note le CNA. Par ailleurs, le développement du crédit à la consommation continue d'être le facteur essentiel des augmentations enregistrées dans la branche "assurance crédit-caution" comme d'ailleurs dans les branches "assurances de personnes "et "assurance automobiles", selon la même source. L'assurance agricole, quant à elle, a connu une régression significative de 35,5% expliquée de manière générale par le non renouvellement des contrats par les clients, lesquels ne sont plus obligés de s'assurer pour l'octroi de crédits bancaires comme le prévoyait le Programme national du développement de l'Agriculture. Les compagnies d'assurances ont payé 28 milliards de DA pour des sinistres, toutes branches confondues, dont 15 milliards uniquement au profit de l'automobile, durant l'année 2006. Cette somme, consacrée aux véhicules, correspond à un volume de dossiers de 502 000 sinistres. Amorcée depuis une dizaine d'années, la libéralisation du marché algérien de l'assurance, jusque-là dominé par les entreprises d'État, a donné une première impulsion au secteur, qui s'est traduite par une multiplication des acteurs. Il existe aujourd'hui 17 compagnies d'assurances en Algérie, mais malgré cela le secteur enregistre un grand retard en ce qui concerne les indemnisations. Deux raisons principales à cette faiblesse : le manque de ressources humaines qualifiées et la prédominance des sociétés publiques. Elles sont trois à dominer 67 % de l'activité : la CAAT (ex-Compagnie algérienne des assurances), la SAA (Société algérienne des assurances) et la CAAR (ex-Compagnie algérienne d'assurance et de réassurance). Le marché est dominé par trois branches : l'automobile, le transport et l'industriel. L'assurance automobile occupe une place prépondérante, mais l'activité souffre d'un déficit chronique en raison d'une effarante augmentation des accidents de la circulation. Les assureurs se plaignent du trop grand déséquilibre entre les tarifs de l'assurance auto et les charges qu'ils doivent assumer. Pour l'heure, les pouvoirs publics refusent d'accéder à leur demande de revoir les tarifs de l'assurance auto à la hausse. Quant au niveau de satisfaction des prestations offertes, les clients reconnaissent que les délais d'expertise des sinistres et d'indemnisation demeurent relativement satisfaisants. Près de 48 % des assurés estiment que les délais d'indemnisation sont satisfaisants, tandis que 41 % considèrent le montant remboursé par la compagnie plutôt acceptable. L'enquête menée par Immar indique, également, que 26,1% des personnes ont déclaré avoir changé d'assureur, 31% d'entre eux l'ont fait pour la hausse des tarifs et 21% à cause d'une mauvaise prestation de service. Les résultats de cette enquête, première du genre dans le secteur, confirment que des défis importants devraient être relevés par les compagnies d'assurances, notamment le développement de la branche assurance de personnes et celle de l'habitation. Les professionnels de l'assurance devraient également, trouver les moyens appropriés pour régler rapidement les sinistres et l'expertise, et ce, dans une démarche de qualité totale et d'écoute client. Pour les professionnels, la question de l'indemnisation des sinistres demeure parmi les premières préoccupations, mais au vu du phénomène de la fraude qui prend de l'ampleur et de l'accidentologie galopante, elle nécessite une nouvelle approche et obéit désormais à de nouveaux paramètres d'expertise et d'évaluation. La majorité des assureurs privilégient, dans ce cadre, le développement de la gestion informatisée des différentes données afin d'améliorer la qualité de la prise en charge de la clientèle. Une démarche qui permettra, entre autres, à la compagnie de connaître parfaitement ses clients et d'évaluer les risques couverts.