A l'approche du mois sacré de Ramadhan, les prix des viandes et poissons flambent de nouveau. «Une opération préméditée», diront les consommateurs qui devant l'absence des opérations de contrôle de la qualité et des prix, la débandade règne en maître sur le marché. Ainsi le prix de la viande d'agneau est passé à plus de 900 Da le kilo et celui du bœuf à 840 Da. Tandis que le prix du poisson, comme nous l'avons constaté, est imposé par ses distributeurs et varie donc d'un marché à un autre. A l'exemple de la sardine, celle-ci est cédée, dans certains marchés d'Oran, à 300 Da et dans d'autres à 400 Da, tel est le cas de Misserghin. Aucun mécanisme ne peut réguler les prix du poisson, tant que ce dernier est livré à l'exportation et à l'acquisition par les hôtels de luxe et les acheteurs des autres régions du pays. Le reste demeure hors de portée de la bourse de la majorité des citoyens oranais. Un ex-marchand de poissons tiendra à nous expliquer: «Dans le passé, nous nous déplacions jusqu'à la pêcherie pour acheter du poisson, mais à des prix très raisonnables et depuis une année, des distributeurs tiennent à s'imposer sur le marché et raflent toutes les quantités, proposant des prix inimaginables et homologués arbitrairement à tous les poissonniers des marchés. On constate par exemple que le poisson se fait rare sur les étals, ce qui explique en partie sa cherté. Le poisson est devenu un luxe et ceci est accentué par une gestion et une politique du secteur qui ne semble pas donner les résultats attendus.» Par ailleurs, un autre commerçant interviendra pour nous dire: «Certains habitués de transactions dans le marché du poisson ne disposent même pas d'un registre de commerce et ne sont pas inscrits officiellement dans ce créneau commercial, mais y sont pour beaucoup dans la hausse des prix. Le marché du poisson est très juteux et une certaine omerta est observée entre les acteurs intervenants.» «Le secteur de la boucherie n'est pas plus clair que celui du poisson et certains bouchers, loin de tous contrôle et inspection d'hygiène, nous explique un boucher, se sont donc précipités, ces dernières semaines, pour ramener des troupeaux de moutons, et ce, en vue du mois de Ramadhan et pour mieux maîtriser les prix.» Il ajoutera aussi qu'«une quantité très réduite de viande est acquise auprès de l'abattoir et mise uniquement en exposition, tandis qu'une grande quantité de viande, stockée clandestinement est vendue aux clients. Une astuce qui ne date pas d'aujourd'hui, mais l'assurance de l'absence du contrôle des marchés de la viande et du poisson encourage pleinement la spéculation.»