Alors que des clubs de football du championnat national ne cessent de crier à la crise, paradoxalement nous assistons à un mercato plutôt emballé. Mis à part l'USMA de Ali Haddad, avec ses milliards, qui a prouvé qu'il possède les moyens de sa politique, les autres, qui se plaignaient il y a si peu, ne se privent pas de faire des folies durant cette période des transferts, quitte à faire ressortir la fameuse «chkara» que les responsables ont tenté de bannir avec l'avènement du professionnalisme. La dernière en date est Fawzi Chaouchi, l'ex-gardien de l'Entente de Sétif que le Mouloudia d'Alger vient d'enrôler pour la coquette somme de 19 millions de dinars, soit un salaire, selon la direction du club de 1.800.000,00 DA par mois, de quoi faire monter la tension à tous les revendicateurs de la scène socioprofessionnelle nationale, des médecins aux stewards, en passant par des milliers de travailleurs, sans parler des chômeurs. Que dire de Mohamed Amine Zemmamouche, un autre gardien, qui toucherait 2.500.000,00 DA par mois (s'il vous plaît !), tout en vous laissant le soin de calculer le reste du revenu, sans primes et autres, et surtout les dégâts occasionnés au marché des transferts avec des salaires et des primes exorbitants. Devant cette situation, on se demande quelle est la réaction et quel le rôle de l'Etat ? Les pouvoirs publics, par le biais du ministère de la Jeunesse et des Sports, étaient contraints de réagir après la montée au créneau des présidents de clubs en pleine saison footballistique. Ils ne pouvaient résister au pressing des présidents de clubs et leurs demandes gourmandes pour annoncer plusieurs mesures allant dans le sens de l'apaisement, notamment en matière de financement et ces 10 milliards de centimes en prêts bancaires sans hypothèque ! Sans oublier les trois hectares pour ériger un centre de formation dont le coût est pris en charge par l'Etat à hauteur de 30 milliards de centimes par club. Que de privilèges pour les présidents de clubs, toujours les mêmes, qui n'innovent pas et qui n'ouvrent pas, pour certains, le capital social de leur société sportive par actions (SSPA) créées dans la hâte et dont certaines n'ont que le nom. Malgré les énormes problèmes rencontrés par les clubs algériens, tout le monde parvient à trouver des ressources financières pour régler le quotidien, sauf que la manière diffère. Devant cette situation une problématique se pose, celle relative à l'intervention de l'Etat dans l'accompagnement des clubs dans le professionnalisme. De ce fait, peut-on imposer aux pouvoirs publics des aides aux clubs, alors qu'à titre d'exemple, le Mouloudia qui étouffe sous le poids d'une dette insupportable, ne se prive pas de recruter un joueur avec une mensualité de 180 millions de centimes. Evidemment, on nous dira qu'un footballeur a une carrière très courte et que c'est un métier à part, mais vu sous l'angle du spectacle proposé et du niveau des joueurs de notre championnat, il faut avouer qu'on nage en pleine démesure.